L’attaque des clones

En tombant sur la couverture de Dolfi et Marilyn, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la célèbre réplique de Tony Curtis à propos de son duo à l’écran avec Marilyn Monroe dans Certains l’aiment chaud :

« Embrasser Marilyn, c’est comme embrasser Hitler. »

Et il est d’ailleurs question de ce film dans un passage du livre. Passée la couverture, j’ai été rapidement séduite par le pitch, BIM commande d’anniversaire, BIM lu en deux jours, BIM énorme coup de coeur.

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Tycho Mercier est un quiqua prof d’histoire à la Sorbonne, divorcé et père d’un jeune garçon, qui vit dans un Paris des années 2060, dans une société où le clonage est entré dans les moeurs. A l’image de son voisin qui possède une Marilyn, chacun peut acheter sa star de ciné, son président ou son chanteur favori pourvu qu’il soit mort depuis belle lurette, pour faire la vaisselle, tailler les haies du jardin, sortir le chien ou parer la solitude. Tycho est quant à lui, plutôt loin de ces préoccupations, jusqu’au jour où son fils gagne un lot très spécial à une tombola : la réplique d’Adolf Hitler, clone totalement prohibé, refilé en loucedé par l’organisateur du concours. Que faire de ce clone encombrant ? D’autant que les voisins deviennent suspicieux…

J’ai trouvé le concept absolument génial pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’idée du société qui admet le clonage est assez jouissive : imagine, tu croises Jim Morrison au Super U du coin, qui hésite entre les tomates bio et les tomates importées d’Espagne. Ensuite parce que le personnage principal est un professeur spécialiste de l’histoire du XXe siècle alors se retrouver avec un clone d’Hitler sur les bras, avouez que c’est assez ironique.

Donc voilà, Dolfi et Marilyn est d’abord un roman extrêmement original : quel plaisir de tomber sur une histoire et de se dire, j’ai rarement lu un truc dans le genre. Evidemment le fantasme du clonage est en soi assez banal mais le traitement décalé qui en est fait m’a particulièrement plu.

Ensuite, ce qui est intéressant, c’est toute la réflexion sur l’éthique du clonage : que penser de cet esclavage moderne, de la commercialisation d’êtres vivants, en tous points semblables à des êtres humains ? – les fans de The Island ne manqueront pas de relever la référence au début du bouquin – Et le clone d’Hitler pose la question des dérives : peut on cloner n’importe qui, des figures monstrueuses, en passant par des êtres chers conservés de façon malsaine ? La question du conditionnement des clones est aussi soulevée… Bref : passionnant. Enfin, perso, j’était absorbée dans ma lecture de bout en bout.

Je ne peux que vous recommander la lecture de ce bouquin, parce qu’il y a aussi du suspense – comment garder chez soi un clone illégal sans s’attirer des ennuis ? – parce qu’il est court et qu’il se lit très bien : l’écriture de François Saintonge, toute en sobriété, est d’une rare fluidité.

Poupoupidou.

 

François Saintonge, Dolfi et Marilyn, Pocket. 

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