Voodoo child

Prête à taper ta chronique à une main, Rosy ? PRETE ! (Entorse du doigt mon amour. A noter que les circonstances de l’accident sont ridicules comme il se doit, of course.)

Ce soir, je vous parle d’adolescence, de naufrage, de danse et de présence inquiétante avec le premier tome de Naufragés de Siobhan Curham. Un grand merci aux éditions Bayard Jeunesse pour cette découverte !

Grace Delaney et sa troupe de danse on été choisis pour un job plutôt agréable : assurer l’animation d’une croisière pendant plusieurs semaines. Or, la petite traversée en voilier supposée les amener à bon port, ou plutôt à bon paquebot ne se passe pas comme prévu. Pris dans une énorme tempête, la petite troupe échoue sur une île déserte. D’abord persuadés qu’on ne tardera pas à venir les secourir, les adolescents organisent mollement leur survie. Mais un climat étrange règne sur l’île, et les tensions, déjà sous-jacentes, sont exacerbées. Il y a quelque chose, au coeur de la forêt, qui les guette.

Avec Naufragés, Siobhan Curham nous propose un roman à la frontière des genres plébiscités en littérature jeunesse, à savoir qu’elle nous plonge dans une histoire d’ado, qui soulève des problèmes d’ado concrets, sur fond de fantastique et d’inquiétante étrangeté. Un concept intéressant qui a le mérite de décloisonner un peu les genres.

On suit donc Grace Delaney, ravie mais inquiète aussi à l’idée de participer à cette nouvelle aventure. (Entre nous, si elle avait su ce qui l’attendait, elle aurait peut-être plus penché pour l’inquiétude.) Peur de la première fois, amitiés qui s’effritent, sentiments naissants, apprentissage de la tolérance… La jeune fille incarne à elle-seule toutes les petites et grandes questions de son âge. Une large part du récit est dévolue aux confrontations entre les adolescents, aux tensions entre les clans qui se forment, aux choix qui doivent être faits et qui demandent parfois une bonne dose de courage. Par contre, j’ai trouvé la galerie de personnages plutôt inégale. L’auteure est capable d’esquisser de super personnalités, je pense notamment à La Puce, un garçon qui préfère les garçons et qui est une source intarissable d’anecdotes scientifiques, et en même temps de nous proposer d’autres personnages assez caricaturaux et superficiels qui ont tendance à rendre le récit moins crédible par moments.

Mais je vous ai appâté avec du mystère et du creepy, s’agirait de tenir mes promesses ! Pas de fantastique sensationnel dans ce roman qui mise tout sur l’ambiance. Petits phénomènes inexpliqués, objets insolites dans la forêt, légendes oubliées… C’est un peu un cadre à la Blair Witch que ce premier opus pose, tout en subtilité. Naufragés compte quelques longueurs mais on est toujours rattrapé par un nouvel élément intriguant, jusqu’aux cent dernières pages où tout s’accélère vraiment.

Un premier opus réussi donc, qui nous donne envie de lire la suite dans la foulée (surtout après ces dernières lignes, hinhin…) et qui s’adresse intelligemment aux ados sans oublier de les faire frissonner.

Et pour répondre à la question que vous ne posez pas : oui j’ai mis trois heures et demie à rédiger cette chronique de la main droite.

 

Siobhan Curham, Naufragés, tome 1, Bayard Jeunesse 

14 réflexions sur “Voodoo child

  1. J’ai déjà dû écrire des chroniques de la main gauche (je suis droitière) car entorse au coude droit, totalement immobilisé. Eh bien tu t’en sors très bien 😉
    Rétablis-toi vite : glace et cataplasmes d’argile verte, c’est le combo parfait. Et si tu veux que ça guérisse bien, rajoute de la kiné (oui, je suis une habituée des entorses).

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  2. Je me note dans un petit coin de ma tête « Naufragés » qui m’a l’air vraiment pas mal vu ta chronique (chapeau pour l’écriture à une main !). Par contre, j’attendrais peut-être de voir comment la suite va tourner avant de me lancer (trop de déconvenues en ce moment avec des séries jeunesse / young adult).

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