Les derniers amants

Je propose de fêter mon premier vrai week-end depuis des années lumières (BIGUP) en vous parlant de ma dernière lecture, Le Journal de Mary d’Alexandra Echkenazi. Un grand merci aux éditions Belfond pour cette très belle découverte !

(N’est-elle pas superbe cette couverture, hein, hein, franchement, hein ?)

Sur la fin des fifties, aux Etats-Unis, Mary Meyer décide de changer de vie lorsque son fils Michael meurt accidentellement. Elle quitte son mari Cord, un agent de la CIA, pour s’installer avec ses deux enfants à Washington, dans le quartier très « upperclass » de Georgetown où vit sa soeur, mais aussi celui qui va devenir président des Etats-Unis quelques années plus tard, Jack Kennedy. L’homme ne lui est pas inconnu, tous deux se souviennent de ce flirt à la fac, de ces lettres enflammées qu’il lui a envoyées, auxquelles elle n’a jamais répondu, mais qu’elle a cependant conservées précieusement toutes ces années. D’abord réticente à l’idée de compliquer son existence, Mary ne résiste pas longtemps à Jack et tous deux vont vivre une véritable histoire d’amour, en secret. Résolument féministe, pacifiste et humaniste, Mary sera aussi, durant cette période, la conseillère de l’ombre du président. Le journal de Mary, assassinée un an après JFK, n’a pas été retrouvé. L’auteure le réécrit ici.

J’avais très envie de découvrir cette histoire, puisque si je connaissais la propension de notre cher JFK au coup de canif dans le contrat de mariage, je n’avais en revanche jamais entendu parler de Mary Pinchot Meyer, sa maitresse, qui fut assassinée, comme lui, dans des circonstances troubles. Le Journal de Mary est une oeuvre de fiction, l’invention d’un fameux journal qui n’a pu être retrouvé, mais qui s’appuie sur des faits réels et sur de nombreuses recherches de l’auteure.

J’ai tout de suite ressenti beaucoup d’empathie pour Mary. Son journal s’ouvre avec le deuil de son enfant et l’impérieuse nécessité de repartir à zéro pour ne pas sombrer tout à fait. Issue de la haute-bourgeoisie, Mary retrouve les beaux quartiers mais reste en marge. A une époque où des femmes comme sa soeur ou Jackie Kennedy ne rêvent que de décoration d’intérieur et de statut social, Mary aime peindre, s’apprête à divorcer et imagine un monde où la femme serait l’égale de l’homme. Cette femme si singulière n’a jamais laissé Jack Kennedy insensible et il leur suffit de se recroiser pour que les souvenirs brulants et jamais consumés de la fac se ravivent. En campagne, puis à la tête de la plus grande puissance mondiale, c’est Mary qui devient son unique échappatoire, son amour et son dernier espace de liberté face à des responsabilités et un mariage qu’il n’a jamais vraiment appelé de ses voeux.

Ce roman se dévore littéralement. Entre le journal que tient Mary et les missives de Kennedy, Alexandra Echkenazi nous propose un récit très rythmé, qui donne l’impression que les pages se tournent toutes seules. (« QUOI, DEJA TOUT CA ? » – là c’est moi en train de comparer l’épaisseur du papier avant et après le marque-page #CoursFlorent #RosemaryDeLaComédieFrançaise) Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu une aussi belle histoire d’amour, tellement touchante, tellement authentique. JFK est irrésistible en séducteur chétif, en loser sublime, et surtout l’auteure en a fait un personnage vraiment drôle.

Mais ce n’est pas tout ! On connait le mystère qui entoure l’assassinat de Kennedy, il en va de même pour Mary, qui, un an plus tard, connaitra une fin tragique. Et pour cause, Miss Meyer a de grands projets pour son pays et à travers son amant, dans le secret du bureau ovale, c’est un peu de sa voix qui est portée… Une voix dissonante, une voix qui gêne à l’heure de la chasse aux sorcières communistes et des tensions avec l’URSS. En évoquant ce mystère de l’histoire des Etats-Unis, Le Journal de Mary emprunte au thriller et on ne peut s’empêcher de trembler parce qu’on sait ce qui va arriver, mais ces pressions, ce climat de paranoïa, Alexandra Echkenazi les orchestre d’une main de maitre.

Il s’agit d’un premier roman (et il confirme mon goût immodéré pour les premiers romans) que j’ai vraiment envie de conseiller à tout le monde en ce moment. Quand je l’ai commencé, j’ai d’abord trouvé l’écriture très accessible et fluide, mais bon, je me suis dit, « je ne suis pas bluffée ». Et puis, très vite, et notamment quand les choses se corsent pour la divine Mary, tu te rends compte qu’il y a ce je-ne-sais-quoi dans cette plume, ce petit talent très personnel pour appuyer pile là où ça fait mal et te faire quelque chose à l’intérieur.

Le Journal de Mary est très réussi à tous points de vue, et il me tarde de voir ce que l’auteure nous réserve pour la suite.

 

Alexandra Echkenazi, Le Journal de Mary, Belfond.

4 réflexions sur “Les derniers amants

  1. Rah le sujet me tentait déjà beaucoup mais là tu nous le vends trop bien pour que je ne le lise pas très vite :D. C’est sympa que ce ne soit pas centré sur Marilyn Monroe pour une fois !

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    • Peut-être que moi non plus, et c’est aussi là où les partenariat prennent tout leur sens je trouve. On me l’a proposé parmi une sélection et du coup je me suis un peu plus attardée dessus, ce qui ne se serait peut-être jamais fait en librairie. Et ça aurait été bien dommage. x)

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