Hello, hello, hello ! Rosy votre camée de littérature américaine sûre a pioché un nouveau Totem dans sa bibliothèque pour une petite escale au coeur du Minnesota, non loin du Lac Supérieur en partage avec le Canada. Une histoire des loups d’Emily Fridlund, pas loin de rafler le PEN et le Man Booker Prize en 2017. Alors vous allez me dire, qui dit Gallmeister, dit familles dysfonctionnelles, nature sauvage et sublime et secrets malaisants et nanani et nanana… Je vous réponds « bonsoir, oui ».
Page une : vous saurez d’entrée ce qui est arrivé. Mais pourquoi, comment, qui ?… Pour ça, il faudra attendre que Madeline vous raconte ses souvenirs d’adolescence. Dans un bled paumé du Minnesota qui se fait appeler « La Capitale mondiale du sandre », en témoigne la vieille boutique d’appâts du coin, cette gosse solitaire et sauvage partage son temps entre le lycée où elle est « La Cinglée » et la cabane de ses parents au bord du lac, vestige d’idéaux hippies révolus. Eternellement chaussée de vieilles pompes de rando, elle connait le coin comme sa poche et a une singulière acuité sur les gens qu’elle fréquente pourtant si peu.
Un jour, ça s’agite sur l’autre rive du lac, juste en face. De nouveaux venus s’installent dans une jolie maison. Une femme, un tout petit. Le père était là à l’installation mais depuis les quelques jours qu’elle les observe, il est visiblement absent. La curiosité est forte mais c’est bien le hasard d’une rencontre au coeur de l’hiver qui précipite Madeline dans l’intimité de ce foyer. Le petit Paul n’est pas toujours facile mais il s’entiche vite de la jeune fille et réciproquement, si bien que la douce et fragile Patra insiste rapidement pour l’embaucher comme babysitter.
A la lecture de la quatrième de couv’, on pourrait presque croire qu’on s’apprête à dévorer un thriller palpitant, le coup de la fameuse babysitter qui s’insinue dans la vie d’une famille qu’Hollywood nous a refait environ sept cent mille fois. Rien à voir, Une histoire des loups est bien plus fin, bien plus cryptique et plus déstabilisant que ça aussi. Le personnage de Madeline est complexe, secret et difficile à saisir, quand bien même le « je » devrait nous offrir toute l’amplitude de son intériorité. Comme les loups qu’elle aime tant, elle est une observatrice taiseuse et lointaine. A travers ses yeux, toute la beauté de la nature sauvage se déploie, les grands pins qui bordent les eaux du lac, les petites bêtes de la forêt, les hivers rigoureux et les étés saturés de moustiques… mais aussi les choses plus secrètes qui s’y nichent, comme cette atmosphère qui se tend irrémédiablement et l’autorité d’un père palpable même à distance ou bien encore une sombre rumeur de couloir au lycée.
N’attendez pas de rebondissements, de sensationnel ou d’intrigue de thriller conventionnel, là vous serez déçu.es, mais l’ambiance et la tension qui règnent dans ce roman… j’ai trouvé ça absolument phénoménal. Et jusqu’à un final trouble (pas certaine d’avoir tout compris d’ailleurs), alors que l’un des innombrables spectres qui hantent l’Amérique nous sera finalement révélé, on ne saura dire qui est vraiment Madeline. Etrangement, je me suis dit que c’était sûrement ça, un véritable personnage.
Emily Fridlund, Une histoire des loups, Gallmeister
Oh que ça donne envie!!!! Merci de me remettre ce roman à l’esprit!
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Mais je t’en prie ! ❤
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J’aime particulièrement le catalogue Gallmeister et ton avis me donne bien envie ! Je le rajoute tout de go à ma wishlist de rentrée 🙂
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