Their angels

Je profite de mon temps libre en ce moment pour dévorer ma sélection du #pumpkinautumnchallenge (en passe de devenir ma gourmandise livresque préférée) et je viens de valider la sous-catégorie Balai Pattes ! avec le roman de Patricia Harman, La Sage-femme des Appalaches. Point de véritable sorcière à l’horizon, mais comme de tout temps, les femmes médecins ou guérisseuses ont été traitées comme telles, on est loin d’être dans le hors-sujet ! Je remercie encore les éditions Charleston pour cette très belle surprise !

1929, en Virginie occidentale, au coeur des Appalaches. Alors que la Grande Dépression fait des ravages dans tous les foyers, des ouvriers jusqu’aux riches investisseurs, Patience Murphy tente tant bien que mal de vivre de sa profession de sage-femme. Rarement rémunérée pour les accouchements qu’elle doit accompagner dans les conditions les plus rudimentaires, elle répond pourtant toujours présente lorsqu’on fait appel à elle. En dépit de son dévouement, son célibat se de troubles rumeurs sur son passé font parler les mauvaises langues. Lorsqu’elle décide d’accueillir chez elle une jeune assistante noire, Patience n’imagine pas faire de remous. Pourtant une sourde menace grandit en même temps que l’économie et les espoirs s’effondrent…

Ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai commencé ce livre, j’ai lu plusieurs pages, voilà, encore quelques pages, plus encore quelques pages…

*les lectrices et lecteurs en mal de rigueur scientifique pourront attendre que quarante pages soient tournées sur ce gif, les autres profiteront simplement de l’ellipse visuelle*

…et je me suis dit, mais « Nom de dieu de mille sabords ! – oui je jure comme le Capitaine Haddock – C’est quand même hyper précis ces descriptions d’accouchements dans les années 20, bonjour le travail de documentation que ça a dû demander ! »

BEN TU M’ETONNES ! Un petit coup d’oeil à la quatrième de couverture m’a appris que l’autrice a été sage-femme pendant trente ans avant d’être enseignante en obstétrique à l’université avant… ben d’écrire ce bouquin.

Et on en vient à ce que j’ai le plus aimé dans ce roman, la découverte du métier de sage-femme et du monde de l’obstétrique dans un coin d’Amérique franchement hostile, à une période franchement pas facile. Patience, à plus de trente ans, vit seule dans une ferme perdue au pied des montages. Ne disposant d’aucun moyen de locomotion et d’un équipement plus que spartiate, elle est appelée de jour comme de nuit pour aider les futures mères. Cette vocation, adoptée dans des circonstances cruelles comme on l’apprendra bientôt, ne lui rapporte quasiment rien, l’essentiel de ses patientes étant dans l’incapacité de la payer.

Et à travers ce récit, on découvre le merveilleux monde médical de l’époque où les examens gynécologiques étaient (en théorie) interdits aux sage-femmes, super héroïnes de l’ombre supposées non compétentes, tandis que des médecins pratiquaient des tarifs totalement prohibitifs pour les accouchements, excluaient des soins les femmes noires ou pratiquaient les naissances sous anesthésie générale forcée, causant de profonds traumatismes aux mères. COOL.

Chacune des interventions de Patience est scrupuleusement détaillée, on apprend un tas de trucs sur l’accouchement et sur les milliers de façons dont ça peut bien, ou moins bien se passer, toujours dans le contexte des années 20 bien sûr même si la plupart des choses qu’elle évoque sont quasi intemporelles.

Et puis il y a le crise de 29, la Grande Dépression, les mouvements ouvriers, et la haine qui grandit dans un contexte de profonde incertitude économique et d’Amérique ségrégationniste… L’amitié entre Patience et sa jeune apprentie Bitsy ne nait pas dans les meilleures conditions, mais elle n’en est que plus touchante.

Alors, au bout d’un moment, c’est vrai que la structure peut paraitre un peu répétitive. Patience est appelée pour un accouchement, hop ! – moment de tension – hop ! c’est fini on rentre à la maison, on avance un peu dans l’intrigue perso de Patience et dans le contexte de l’époque – et re hop ! un accouchement, et c’est reparti etc.

Après j’ai quand même trouvé que l’intérêt de l’intrigue primait sur ce petit désagrément, mais c’est vrai qu’avec une construction un chouïa plus subtile, l’histoire de Patricia Harman aurait sûrement été un coup de coeur plein et entier. Il n’empêche que je vous recommande chaleureusement ce premier roman qui vous donne presque l’impression de pouvoir mettre au monde un bébé en moins de deux en mode McGyver après ça.

J’ai dit presque, faites pas de bêtises.

 

Pumpkin Autumn Challenge 3/12

 

Patricia Harman, La Sage-femme des Appalaches, Charleston

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