« Every closed eye is not sleeping… »

Voilà que le mois des monstres d’achève pour le Hold My SFFF Challenge, les plus accros d’entre vous (on vous aime) ont déjà concocté leur pal spéciale voyages spatiaux et temporels pour juillet, et il est temps pour moi de vous parler de la beauté qui est sortie du lot pour moi en juin… J’avais misé sur Lovecraft, pourtant c’est bien Lucius Shepard et son formidable Dragon Griaule qui ne cessent de hanter mon esprit ces derniers temps. C’est même le retour du hashtag #ClaqueDansLaGueule, c’est dire…

Gigantesque et endormi à tout jamais suite à un puissant sortilège, le Dragon Griaule surplombe la vallée des Carbonales de toute sa démesure. Recouvert de végétation, il fait corps avec la montagne et de bien étranges parasites vivent dans ses recoins et entrailles. Et c’est comme si, même figé pour l’éternité, Griaule continuait à étendre insidieusement son emprise sur les villages des alentours. Violences, meurtres, débauche et misère crasse… Il ne semble point y avoir de salut pour les pauvres créatures qui vivent à l’ombre de l’être sans âge.

Les dragons te font flipper parce qu’ils font Tourcoing-Marseille en quarante-sept secondes et qu’ils aiment carboniser des mecs le dimanche en famille ? OUBLIE C’EST DES P’TITS JOUEURS A COTE DE GRIAULE. 

Celui qui a été élu plus gros lézard de toute la SFFF réussit à terroriser tout le monde en ne bougeant pas d’une écaille, endormi qu’il est depuis des millénaires sous des couches de forêts et de rocaille. Tantôt révéré ou craint comme un dieu, Griaule est la source même de toutes les horreurs qui sont perpétrées dans la vallée, tout le monde le sait. C’est cette influence néfaste, cette noirceur qu’il instille dans chaque âme…

Dans son recueil de nouvelles qui forment un véritable roman, Lucius Shepard personnifie le Pouvoir avec un P comme « Abusif » à condition que le mot « Abusif » commence par un P. Une entité à la taille improbable, impossible à dater, légendaire dont est issu le mal absolu… et les projets plus ou moins obscurs qu’elle a pour chaque homme et chaque femme dans le coin. Ambition affichée : tu peux pas lutter. Une chouille d’ambition politique dans la fantasy de Shepard ? NAAAAAAAAAAAAAN…

Ce qui a définitivement fait chavirer mon coeur, c’est l’imaginaire incroyable de l’auteur et cette atmosphère malsaine de dingue… Il n’y a pas vraiment de chute dans ses nouvelles, et certaines étaient même difficilement accessibles au début, mais je les ai dévorées parce que j’étais pleinement immergée dans son monde. J’aime pas des masses faire des comparaisons nazes, mais ce que j’ai retrouvé là-dedans d’un point de vue strictosensu-modusoperandi-et-autres-locutions-latines-hors-de-propos personnel, c’est un délire de projet jaworskien, un univers ultra canon qu’on peut prendre par un bout ou par l’autre, quand bien même l’auteur s’affranchit en un seul recueil des genres, des réalités et de la temporalité. (la dernière nouvelle, une dinguerie de folie et d’ambiance malaisante mes licornes)

D’ailleurs, je m’en rends compte en rédigeant cette chronique : si je peux vous parler d’un recueil sans même devoir en passer par des résumés de chaque nouvelle, c’est qu’on est dans du très très haut level point de vue vision globale.

DU COUP (J’ECRIS EN MAJUSCULES) je conseille trois fois mille et je croise les doigts très fort pour que le HMSFFF me fasse découvrir des auteurs au moins à moitié aussi bons (pas sûre sûre de la syntaxe de cette conclusion.)

 

Lucius Shepard, Le Dragon Griaule, J’ai lu

6 réflexions sur “« Every closed eye is not sleeping… »

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