Les Carnets de l’apothicaire – Natsu Hyuuga

Alors oui le dernier Despentes, oui Emmanuel Carrère, oui le retour d’Amélie Nothomb (qui doit juste avoir sept cent livres prêts à paraitre sous le coude, c’pas possible sinon), mais entre nous, la véritable hype de la rentrée littéraire, ce serait pas la traduction du roman qui a donné lieu à ma série de mangas favorite ? Le premier volume des Carnets de l’apothicaire sort demain en librairie et on était un paquet de curieuses et de curieux après cette super annonce de la maison d’édition au début de l’été ! Alors, verdict ?

Si vous découvrez la série, il convient avant tout de vous planter le décor : nous sommes dans une Chine impériale puisant autant dans l’amour de l’auteur pour l’histoire de ce pays que son propre imaginaire. Mao Mao a grand au quartier des plaisirs, entourée par l’amour des courtisanes les plus en vue de l’empire, des femmes si belles, complexes et talentueuses qu’une année de salaire ne peut couvrir la faveur d’une simple tasse de thé ou d’un sourire. De véritables soeurs pour la petite ombre qui tient à se faire la plus discrète possible et qui cultive en secret un amour immodéré pour l’art subtil de l’herboristerie et de la connaissance des poisons les plus redoutables.

Mais en dépit de ses efforts pour passer inaperçue, Mao Mao est enlevée et ses ravisseurs la livrent contre une petite rente au Palais impérial où elle sera destinée au modeste rôle de servante. Qu’à cela ne tienne, en dépit de sa rancoeur, la jeune fille s’attèle à sa nouvelle tâche et découvre un nouveau monde, certes fastueux, mais tout aussi cruel. Autour de l’empereur et de ses quatre favorites gravite tout un essaim où les comploteurs rivalisent d’ingéniosité. Encore une fois, Mao Mao ne souhaite qu’une chose : se faire toute petite, et éviter de faire les frais du caprice soudain d’une dame de compagnie ou d’un noble intendant (éviter de faire les frais = éviter de se faire couper la tête – pour être plus précise).

Ceci dit, difficile de rester en dehors des intrigues de cour lorsque la mort tragique et surtout étrange des enfants de l’empereur vient réveiller ses instincts d’apothicaire et d’enquêtrice. Bien vite, des personnages de haut rang découvrent que les talents de Mao Mao dépassent de loin ceux d’une simple blanchisseuse… et n’était-ce pas là tout ce que Mao Mao voulait éviter ? Attirer l’attention.

Vous connaissez mon amour pour cette série, il n’y avait pas de raison que le plaisir ne soit pas au rendez-vous également dans le roman à l’origine du manga. Série d’enquêtes et d’énigmes à la Sherlock Holmes, huis-clos angoissant où toutes et tous surveillent leurs arrières dans des décors incroyables, cette histoire est surtout portée par un personnage principal très original avec lequel on entre immédiatement en empathie : petite créature introvertie qui use du maquillage pour se dissimuler au contraire de ses semblables, Mao Mao ne vibre littéralement que pour son art, mais élevée par des prostituées, sa lucidité n’a d’égale que sa curiosité et une morale parfois sur le fil du rasoir (on adore, vraiment, ce personnage est une pépite). J’ai adoré la redécouvrir dans ce roman qui alterne les points de vue internes et qui nous éclaire un peu plus sur sa psyché complexe ou sur la relation tendue qui la lie malgré elle au magnifique intendant du Palais Jinshi.

Aucun risque de spoil pour les amateur.ices de la série puisque ce premier roman ne couvre que les tomes déjà parus et le récit est très fidèle, les autres auront le plaisir de découvrir l’univers envoutant inventé par Natsu Hyuuga, avec les magnifiques illustrations de Touko Shino en noir et blanc et en couleur.

Mille merci encore à Emily et aux éditions Lumen pour la petite découverte en avant-première !

Natsu Hyugaa, Touko Shino, Les Carnets de l’apothicaire tome 1, Lumen

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