Darling, c’est la crise non ?

Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais j’ai toujours été fascinée par les histoires de requins de la finance, par les semi-beaufs de Wall Street à bretelles jusqu’aux salopards en costumes sur-mesure. Ayant été soufflée par Le bûcher des vanités de Tom Wolfe, je me suis dit en voyant Park Avenue, tiens, c’est un bouquin pour moi. (et ça n’a rien à voir avec sa jolie couv’ Instagram ou presque.)

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Paul est marié à Merrill et travaille depuis peu pour le père de sa femme, Carter, en tant qu’avocat général dans une puissante société de placements. Outre l’appartement sur Park Avenue et les vacances dans les Hamptons, il a le privilège de faire partie du clan Darling tout en ayant fait un mariage d’amour. En gros, JACKPOT. Jusqu’au jour où un associé et ami de Carter Darling se suicide. La boîte, et par association, la famille se retrouvent sous les spotlights, mêlées à une sombre affaire de fraude. Paul est confronté à un choix cornélien : soutenir sa famille ou collaborer avec la SEC (organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers) et sauver sa peau.

L’intrigue s’étale sur une semaine à peine, le temps pour le clan Darling de « profiter » de son week-end de Thanksgiving sous pression. L’ensemble est assez passionnant en dépit de quelques temps morts : qui est impliqué, qui va balancer qui, et surtout qui va s’en sortir ? En plus de ça l’épilogue est assez chouette mais CHUTNOSPOIL.

Ce que j’ai particulièrement aimé c’est à quel point il est facile de comprendre les enjeux de l’affaire. A aucun moment on est surchargé de termes incompréhensibles ou de chiffres à rallonge, pourtant Cristina Alger ne s’enfonce pas non plus dans des explications « La bourse pour les nuls » qui feraient perdre tout réalisme au récit. Je ne sais pas bien comment elle se débrouille mais l’équilibre entre didactique et fluidité du propos est juste parfait. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’auteure sait de quoi elle parle puisqu’elle a été analyste chez Goldman Sachs, diplomée d’Harvard et de la faculté de New York et tout le toutim (expression non utilisée depuis 1862). Pour ceux qui auraient peur d’être perdus dans des histoires trop compliquées donc, ne flippez pas et ouvrez Park Avenue.

Ce bouquin c’est aussi et surtout une critique de l’élite de Manhattan : l’apparence lisse des couples, les magouilles des maris et les jobs à plein temps, les hypocrisies mondaines… Parfois j’ai trouvé que cet aspect était trop survolé mais la critique reste intéressante.

Concernant le style/la traduction, je déplore quand même un côté trop lisse et neutre, qui sert bien l’aspect financier de l’affaire mais moins la critique sociale. Park Avenue reste tout de même une bonne lecture et je recommande, ne serait-ce que pour le plaisir de la chute.

 

Cristina Alger, Park Avenue, Le livre de poche.

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