Luck of the Irish

Dernièrement, j’avais envie de me remettre à un peu de littérature contemporaine, aussi ai-je zoné un bon moment devant ma bibliothèque/PAL géante en quête d’un petit poche sympa. Et là, je suis retombée sur Les gens heureux lisent et boivent du café d’Agnès Martin-Lugand. J’avais craqué l’année dernière, parce qu’on en parlait partout en bien et parce que je suis d’accord à 1000% avec ce titre à rallonge.

Depuis qu’elle a perdu son mari et sa fille dans un accident de voiture, Diane a cessé d’exister. Cloitrée chez elle, elle n’admet plus que l’intrusion quotidienne de son meilleur ami, qui tente, en vain, de la ramener parmi les vivants. Mais lorsqu’il décide de programmer pour eux un voyage supposé la remettre sur pied, Diane préfère s’exiler en Irlande, loin de tout. Ce qui s’apparente d’abord à une fuite pourrait bien être un premier pas vers la reconstruction.

Les gens heureux lisent et boivent du café (je resterai muette quant à la signification de ce titre) est donc un roman sur le temps du deuil, un espace qui n’est finalement régi par aucune règle. Diane n’arrive pas à surmonter l’état d’inertie dans lequel la mort de son mari et de sa fille l’a plongée. Chaque tentative de son entourage de lui sortir la tête de l’eau étant vécue comme une agression, c’est d’abord pour fuir ses obligations qu’elle choisit une bourgade irlandaise perdue sur la carte comme terre d’exil.

On est bien vite plongé dans une atmosphère particulière aux côtés de Diane, isolée dans son petit cottage sur la côte, avec pour voisins ses propriétaires, un couple chaleureux, mais aussi Edward, un voisin des plus antipathiques, pas franchement ravi qu’une française vienne perturber la tranquillité des lieux. Paradoxalement venue en Irlande pour vivre sa souffrance à l’abri des regards, Diane va peu à peu la voir doucement s’atténuer malgré elle au contact des terres arides et de ce nouvel entourage qui va lui réserver des surprises.

Je dois avouer que je n’ai pas été transcendée par la tournure un peu chick-lit que prend l’histoire quand Diane va apprendre à connaitre son charmant salaud de voisin. Certains schémas (le meilleur ami gay exubérant, le triangle amoureux), certaines réactions des personnages m’ont semblées trop caricaturales et sonnent un peu faux. Il n’en demeure pas moins que l’idée principale du roman autour du deuil m’a plue et touchée, Agnès Martin-Lugand le résume d’ailleurs parfaitement en introduction en quotant Freud : « Nous comptons bien qu’il sera surmonté après un certain laps de temps, et nous considérons qu’il sera inopportun et même nuisible de le perturber. » Au-delà de l’intrigue amoureuse que l’auteure va développer, c’est bien de reconstruction personnelle qu’elle nous parle, une reconstruction qui ne souffre aucune contrainte extérieure.

Je n’ai pas forcément été transcendée mais il faut reconnaitre que c’est un bouquin qui se lit très bien, idéal en mode plaid-thé-automne-cocooning (la vie quoi). Et c’est probablement dans ces conditions que je lirai la suite avec plaisir.

 

Agnès Martin-Lugand, Les gens heureux lisent et boivent du café, Pocket. 

10 réflexions sur “Luck of the Irish

  1. Tout à fait en phase avec ton point de vue ! Intéressant mais pas transcendant. L’histoire souffre de gros clichés et des situations qu’on sent venir comme des gros sabots (le 2e tome l’est un peu moins), et le style pourrait être un peu plus riche. Cependant on arrive bien à se mettre à la place du personnage et à partager sa douleur, et comme tu le dis ça se lit vite et facilement, et on a besoin de livres comme ça aussi !

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  2. Je ne dirais pas que j’ai été transcendée, mais j’ai vraiment aimé ce livre. Sa lecture m’a apaisée en un sens. Je trouve qu’Agnès Martin Lugan a le don pour mettre des mots sur des maux et ainsi en faire une catharsis.

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