« Pour connaître un mortel, donne lui du pouvoir. »

Hier soir, je me suis confortablement pelotonnée dans mon lit pour déguster une petite édition abrégée du Prince de Machiavel, intitulée Ceux qui désirent la grâce d’un prince… Et bien laissez-moi vous dire que cet essai qui n’a pas pris une ride a tenu Rosy en haleine du début à la fin. Un grand merci aux éditions Folio et à la team Livraddict pour cette lecture !

Dans le manuel le plus célèbre à l’usage des princes, Niccolò di Bernardo dei Machiavelli (ou Machiavel pour les intimes) livre de précieux conseils sur le pouvoir, les moyens de le conquérir et surtout de le sauvegarder dans un monde politique aux coulisses bien sombres…

L’italien qui a vécu auprès des plus grands lors de la glorieuse Renaissance a eu tout le loisir d’observer les mécanismes complexes de la politique et a laissé derrière lui un texte et un nom dont on a tous forcément entendu parler à un moment ou un autre, à défaut de l’avoir lu (je prends mon cas pour une généralité).

Machiavel… Bon comme le blaz’ du type a donné « machiavélisme », on pourrait être tenté de ne voir dans son oeuvre qu’un manuel à l’usage des âmes noires assoiffées de pouvoir. Alors certes, ce qui frappe en premier lieu dans son texte, c’est qu’il a une bien piètre opinion de l’être humain, qu’il juge mauvais par nature, mais ses conseils s’adressent bien aux princes éclairés, soucieux de gouverner avec raison et dans l’intérêt du plus grand nombre.

J’ai dévoré cette petite centaine de pages comme une enquête passionnante sur les arcanes du pouvoir. Machiavel parle des événements dont il a été témoin, de cette Italie où les alliances se font et se défont, où les grands hommes se hissent jusqu’au sommet pour être détruits le lendemain. Acquérir la légitimité nécessaire, être aimé ou craint du peuple, savoir s’entourer des bonnes personnes et former des alliances stratégiques… La conception de la politique de Machiavel est intrinsèquement liée à la tactique militaire : chaque coup doit être calculé, chaque erreur peut être la dernière et les postulants ont intérêt à savoir user de ruse et de détours. Ce court manuel aurait pu être indigeste, de nos jours, mais Machiavel illustre si bien son propos par des exemples concrets, tirés de l’Antiquité ou de sa propre époque, que le lire est passionnant. Et son oeuvre conserve surtout une résonance assez perturbante à notre époque moderne..

Bien sûr, on n’évoque par Le Prince sans parler de Cesare Borgia, considéré comme un tyran, mais loué comme l’exemple à suivre par Machiavel (qui devait avoir un petit faible pour lui, avouons-le hein). Si la peinture est on-ne-peut-plus élogieuse, on imagine cependant que l’auteur a su conserver un peu de son objectivité, dans sa description même du souverain idéal : « Et c’est pourquoi il faut qu’il ait l’esprit disposé à tourner selon ce que les vents de la fortune et les variations des choses lui commandent et, comme je l’ai dit plus haut, à ne pas s’écarter du bien s’il le peut, mais à savoir entrer dans le mal, s’il y est contraint. »

Je vous conseille, avant ou après cette lecture, la série Borgia qui illustre fort à propos tout ce que notre cher Machiavel énonce dans Le Prince.

Machiavel, Ceux qui désirent acquérir la grâce d’un prince…, Folio

4 réflexions sur “« Pour connaître un mortel, donne lui du pouvoir. »

  1. Alors là ! Première fois que je lis une chronique du Prince et mazette ! Ça donne envie de le relire (ça fait presque 10 ans que je l’ai lu en cours de philo). La série Borgia vaut effectivement son pesant de choucroute. Mais, on parle de laquelle ? Parce que, si mes souvenirs sont exacts, il y en a eu 2 en même temps, nan ? Celle avec Jeremy Irons ?

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    • Oui on m’en a parlé encore hier comme d’une lecture de classe un peu pénible mais comme un grand nombre de classiques, sans la contrainte et des années plus tard, on le redécouvre avec plaisir !
      Et je parle de la série Canal, je n’ai pas vu celle avec Irons mais il faudra peut-être que je jette un coup d’œil !

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  2. Alors c’est marrant avant que tu ne mentionnes la série, j’y ai pensé direct. Eh bien j’te dis, ton avis sur Machiavel fait franchement envie. Surtout que bon, un bouquin qui sait de quoi il cause au sujet du pouvoir, des arcanes du pouvoir politique, toussa toussa, ça peut pas faire de mal !

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    • Pour le coup, je pense que cette petite édition abrégée est hyper bien faite, avec juste ce qu’il faut de petite ellipses pour rendre la réflexion plus limpide. Mais lire l’intégrale (qui ne fait pas beaucoup plus de pages) doit être chouette aussi.

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