Into the woods

Pour ceux qui écoutent gentiment mes élucubrations sur Twitter, Insta et compagnie, j’ai déjà évoqué le fait que je suis actuellement en train de découvrir la sélection du Prix France Inter 2017, pour le boulot (et pour ma face aussi bien sûr). Je vous invite d’ailleurs à aller jeter un oeil, dedans il y a notamment mon chouchou au-delà des étoiles Del Amo, mais je compte bien être impartiale (vous me connaissez hein..) et en lire le plus possible avant de rendre mon jugement. Le premier titre vers lequel je me suis tournée est L’homme des bois de Pierric Bailly, édité chez P.O.L.

Pierric Bailly vient de perdre son père. Il a glissé d’une falaise sur un chemin escarpé lors d’une balade en forêt, seul. Evoquant la semaine qui précède les funérailles, l’auteur se souvient de l’homme, du père, de l’ami… Sans pouvoir s’empêcher d’être obsédé par l’idée qu’il ne s’agissait peut-être pas tout à fait d’un accident en fin de compte.

Ici, l’auteur évoque le décès de son père, un événement qu’il décrit d’emblée comme finalement assez banal, dans l’ordre des choses… Dans son petit coin de Jura, dans le secret le plus total, il a glissé, a fait une chute mortelle et n’a été retrouvé que quelques jours plus tard. Mais son fils a une intuition étrange, le sentiment qu’il y a peut-être une autre explication que l’accident. Cette semaine avant les funérailles va être l’occasion de se le remémorer avec suffisamment de force et de justesse pour pouvoir finalement le laisser partir.

A travers les mots de Pierric Bailly, c’est un homme doux, discret, traversé de temps à autres de colères aussi virulentes qu’incompréhensibles que l’on découvre. Très attaché à la nature, engagé pour les autres, séducteur mais éternellement solitaire, il n’est probablement jamais parvenu à atteindre l’idéal qu’il s’était fixé, si seulement il savait exactement quel genre d’homme il aurait voulu être. J’ai été particulièrement touchée par de nombreuses réflexions sur le deuil que l’auteur fait dans ce texte, comme l’idée qui veut qu’un enfant se sentira le plus légitime, peut-être à tort, pour rendre hommage à la mémoire de son père, et qu’il défendra toujours le point de vue inverse d’un proche qui voudrait évoquer l’un ou l’autre de ses souvenirs. C’est la force de ce texte court, ses évocations très simples, très immédiates.

L’écriture est ici un chemin, une balade salvatrice en forêt dans les pas de celui qui a disparu trop brutalement, en laissant trop de questions sans réponses derrière lui, et bien souvent la plume emprunte malgré elle au roman noir. Le décès d’un parent est peut-être banal, peut-être dans l’ordre des choses mais l’intimité et la singularité de ce récit très personnel nous souffle bien vite le contraire… Une très douce et très jolie découverte.

 

Challenge des Irréguliers de Baker Street +1 : L’homme qui grimpait

 

Pierric Bailly, L’Homme des bois, P.O.L

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