Pride

C’est depuis ma caverne que je vous écris aujourd’hui parce que quand ça dépasse les 27°, la bretonne que je suis calfeutre toutes les fenêtres et se drogue à l’Ice Tea hein. Aujourd’hui, on va parler d’un livre très très rose (pour ceux que ça intéresse, on doit être dans le #FE2EC8) que les éditions de La Musardine m’ont proposé de découvrir (un grand merci !) : Pride, chroniques de la révolution gay d’Erik Rémès.

Pride, chroniques de la révolution gay est un recueil d’articles, éditoriaux, billets d’humeurs, coups de gueule, et témoignages d’Erik Rémès, dans leurs versions intégrales non censurées, parus entre 1992 et 2005 dans la presse gay et généraliste : Libération, Nova magazine, Gai Pied Hebdo, Illico, etc. En douze chapitres : Visibilité, Mariage, Homoparentalité, Homophobie, Hétérophobie, Politique, Homonormativité, Subversion, Voyage, Drogues, Sexualité, Prévention, Années sida. (résumé 4e de couv’)

Ce recueil publié récemment dans la collection très joliment nommée « L’attrape-corps » m’a permis de découvrir Erik Rémès, auteur, journaliste et sexologue dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’ici en dépit d’une sulfureuse réputation (ouhlala). En effet, en plus d’avoir publié de nombreux articles dans des titres de presse gay et gay-friendly ainsi que plusieurs guides et essais sur la sexualité, Erik Rémès a fait l’objet de plusieurs attaques après la sortie de ses romans, dont Serial Fucker, journal d’un barebacker, qu’on a taxé de promouvoir le sexe non protégé au sein de la communauté gay.

Je me garderai bien de tout jugement à propos de son oeuvre de fiction, que je n’ai pas lue. En revanche, j’ai lu Pride, qui sur plus de trois-cent cinquante pages, compile ses textes journalistiques et nous offre, par la même, une certaine photographie de la communauté gay, essentiellement masculine, de la fin du XXe siècle. Dans un style très « enfant terrible », Erik Rémès défend la liberté sexuelle, envers et contre tous, déplore les désirs d’homonormativité grandissants tout en revendiquant l’accès aux mêmes droits pour tous, évoque le monde de la nuit, de la drogue, du sexe et enfin, pleure les amis partis trop tôt et trop seuls.

Sous le côté un peu provoc’, cette voix dissonante de la communauté LGBTQ+ opère un travail de prévention partout tout le temps (d’où, peut-être, le sentiment d’injustice face à certaines controverses) dans ses textes, des conseils très pratiques jusqu’aux témoignages bouleversants de personne séropositives. Face aux statistiques assez alarmantes du sexe non protégé, l’auteur fait dans la prévention mais aussi dans l’acceptation des réalités et de l’évolution des systèmes de protection, de prévention et de traitement. C’est une prise de position que j’ai trouvée particulièrement sincère, à l’image de l’ensemble des sujets qu’il traite en relation avec la communauté gay. Je ne suis pas d’accord avec tout, en particulier sur les questions des droits et de l’homonormativité, mais certaines pensées radicales, sans compromis, le refus de toute hypocrisie et enfin, cette conscience constante de la mort en creux et de la Vie avec un V majuscule m’ont touchés.

 

Erik Rémès, Pride, Chroniques de la révolution gay, La Musardine

6 réflexions sur “Pride

  1. Hé bah ! Je ne me penche pas assez sur les essais pour le moment, j’en ai un en cours depuis un mois ou deux que j’ai mis en pause parce que je voulais quelque chose de plus léger, mais j’admets que celui-ci me tente bien même si les « pensées radicales », voilà voilà… Enfin ça m’a l’air super intéressant puis j’étendrais un peu ma culture LGBT+ !
    Le passage  » pleure les amis partis trop tôt et trop seuls. » m’a fait penser au « poète mort trop tôt » dans Illusions Comiques d’Olivier Py ( une superbe pièce de théâtre d’ailleurs ), qui fait référence à Jean-Luc Lagarce. Ca m’a fait sourire puisque bon, emblématique auteur gay décédé du sida. Je ne sais pas s’il s’agissait de la même référence dans ce bout de phrase mais bon, voilà, coïncidence x)

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    • Perso, je l’ai pris comme un regard singulier sur la communauté gay, qui même s’il n’est pas universel, n’en demeure pas moins authentique. 😉
      Et c’est un hasard total, j’ai utilisé cette formulation comme ça, je n’avais pas cette référence ahah. x)

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