“Everyone calls barbarity what he is not accustomed to.”

Vous n’êtes certainement pas restés insensibles face à cette merveilleuse couverture lors de vos dernières pérégrinations en librairie (moi je ne me lasse pas de la regarder avec les yeux de l’amour)… Derrière cette corde, ces têtes de morts et ces flingues se cache un roman d’aventure qui nous emporte dans l’Inde du XIXe siècle, au coeur des pires conspirations qu’on puisse imaginer… Tintintintin… Maharajah de M.J. Carter est ma dernière lecture en date de la #TeamThrillersCHM !

Calcutta, 1837 : l’Inde est sous le contrôle de la toute puissante Compagnie britannique des Indes orientales. Le jeune officier William Avery exècre ce pays où il trompe son ennui dans le jeu et les plaisirs faciles et ne songe qu’à rentrer au plus vite dans sa chère Angleterre natale… Un rêve qui semble chaque jour de moins en moins réalisable. Mais une affaire singulière pourrait bien changer la donne. Un écrivain sulfureux et particulièrement prisé de la société britannique expatriée, Xavier Montstuart, semble s’être évanoui dans la nature. L’armée de la Compagnie charge Avery, sous le commandement d’un agent spécial des plus originaux, Jeremiah Blake, de le retrouver. A l’issue de ce voyage forcé, le jeune homme espère bien pouvoir rentrer chez lui. Mais il ignore qu’il embarque pour une véritable odyssée au coeur d’une Inde dont il ignore tout, qui recèle autant de beauté que de mortelles conspirations…

Commençons par entrer dans le vif du sujet, Maharajah n’est pas un thriller à proprement parler à mon avis. Ce n’est pas pour autant que ce n’est pas un chouette bouquin, mais s’il vous tente, je vous invite plutôt à entrer dans votre lecture dans l’optique de lire un bon roman d’aventure à l’ancienne, avec dépaysement, voyage initiatique, histoire et mystère au rendez-vous.

Notre narrateur, ce cher William Avery, est le parfait produit de son temps. Plus ou moins contraint par l’ordre familial établi de s’éloigner de son Angleterre chérie pour s’engager en tant qu’officier en Inde, il méprise souverainement ce pays « sous-développé » au milieu duquel il est contraint d’évoluer. Les jolis clichés de ses lectures des livres du grand poète Xavier Montstuart sont loin, et ne restent que la chaleur, les dettes de jeu et le mal du pays. Forcément, l’expérience de lecture est d’emblée très, très particulière parce qu’il est difficile d’avoir de l’empathie pour ce type fermé, qui se lamente sur son sort en permanence, et qui se comporte, comme l’essentiel de ses pairs, en  petit c(ol)on idéal. Et en même temps, M.J. Carter nous prouve avec ce choix audacieux qu’elle entend bien restituer l’esprit nauséabond de l’époque.

Je parlais de voyage initiatique puisqu’évidemment, Avery ignore tout du pays qui l’a accueilli et il va falloir qu’il s’embarque dans une mission qu’il n’a pas choisie, auprès d’un type autrement plus tolérant, dégourdi et clairvoyant, pour apprendre l’Inde, et au passage, la vie en général. En le trainant avec lui pour un voyage harassant entre Calcutta et Jabalpour, semé d’embûches et de dangers, Jeremiah Blake va offrir à ce garçon un regard neuf sur la réalité des conditions de vie du peuple et de la main-mise de la Compagnie sur l’ensemble du pays. La mission secrète d’Avery, à savoir surveiller son supérieur qui n’a pas toute la confiance de l’armée pour retrouver Montstuart, va devenir de plus en plus difficile à mesure que son respect grandit pour lui.

Point de vue évasion, j’ai été largement servie. Dans un décor tour à tour merveilleux, inhospitalier, étouffant, l’auteure nous entraine au coeur des palais fastueux des maharajahs, des résidences exotiques des britanniques et des régions secrètes où sévit une secte adoratrice de Kali, la déesse de la mort… Point de vue rebondissements et mystère, on y est aussi, mais malheureusement l’ensemble est un peu plombé par un rythme trop lent et un style, certes élégant, mais un chouïa daté… D’un côté, j’ai été séduite par l’aspect roman d’aventure vintage, mais de l’autre, il faut reconnaitre que certains passages sont un peu longuets et que le suspense est bien souvent éclipsé au bénéfice de l’intérêt historique.

On y apprend beaucoup de choses, on a le plaisir de retrouver le genre du roman d’apprentissage dans un cadre exceptionnel et les piqûres de rappel de la cruauté de la colonisation ne font jamais de mal, mais c’est vrai qu’il a manqué un peu de nerf à ce roman pour me passionner tout à fait.

 

M.J. Carter, Maharajah, Cherche Midi

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