#seule

Eh, venez, on fait une petite pause Kusmi Tea + blogging, parce que si je dois encore taper une nouvelle lettre de motivation, je crois que je vais imploser tel un grille-pain qui a été retiré de la vente pour risque d’implosion. Dans ma dernière chronique, je vous parlais de mon amour pour la ligne ultra feelgood chez Hugo New Way… et bien ils ont comme qui dirait récidivé avec Comment disparaitre de Sharon Huss Roat, qui nous propose une vision franchement positive des « ados VS les grands méchants réseaux sociaux ». (toute trace d’ironie serait purement intentionnelle) Encore merci aux éditions Hugo pour cette découverte !

Vicky Decker se retrouve on-ne-peut-plus seule le jour où sa meilleure amie déménage. Jenna était la seule qui échappait à sa phobie sociale et Vicky ignore comment elle va survivre au lycée alors que chaque amorce de discussion, chaque geste de la part de ses camarades la terrorisent littéralement. Son sort est d’autant plus cruel que Jenna, elle, a l’air de s’être très bien faite à sa toute nouvelle vie. Ca, Vicky l’a vu sur les réseaux sociaux. Un soir, elle décide à son tour de se créer un compte sur Instagram, où elle s’invente un avatar, Vicurieuse. Déguisée, et grâce à Photoshop, elle intègre son image dans un tas de photos surréalistes, des concerts mythiques en passant par les plateaux de télé, jusqu’à l’espace… Et elle y accole un unique hashtag : #seule. Bien vite, alors que le nombre d’abonnés explose, Vicky découvre qu’une immensité d’anonymes se sentent comme elle, transparents, exclus… Et c’est paradoxalement en cachant sa véritable identité que Vicky va peut-être trouver le courage de vivre enfin sa propre vie.

Le résumé m’a tout de suite tapé dans l’oeil, justement parce que j’avais le pressentiment que Sharon Huss Roat allait sortir des sentiers battus en évoquant les réseaux sociaux, dont les dérives bien réelles sont quand même trop souvent caricaturées aujourd’hui. Si l’image qu’on montre sur Instagram, Twitter, Facebook et j’en passe peut parfois être fausse, manipulée, source d’angoisse ou de dévalorisation, et bien elle peut aussi être un formidable moyen d’expression et de rassemblement, parce que, oui, spoileralert, il y a de VRAIES PERSONNES derrière les smartphones et les écrans.

Et c’est précisément l’objet de ce livre. Vicky est une jeune fille atteinte de phobie sociale. Le moindre contact avec ses pairs la rend malade, le moindre mot échangé est une torture… Mais elle a beaucoup d’imagination et un talent certain pour retoucher les photos. Aussi lorsqu’elle crée un compte Instagram avec des montages volontairement surréalistes, elle n’imagine pas atteindre le nombre d’abonnés de ses camarades de classe, tous si parfaits, si pleins d’aisance comparés à elle. Sauf que ce mal-être exprimé avec autant d’auto-dérision parle à tout le monde… Grâce à ce double fantasque et plein de confiance, Vicky trouve peu à peu la force d’aller vers les autres, ou du moins d’accepter qu’on vienne vers elle.

Ce qui m’a plu aussi, c’est la façon dont l’autrice décortique la phobie sociale de Vicky, toujours tentée de se replier sur elle-même en cas de danger, quasi harcelée par sa mère qui ne comprend pas qu’une adolescente ne « profite pas » de la vie, la honte de ne pas être comme les autres… Et puis l’idée qu’on a tous un peu de ça en nous, mais qu’on sait plus ou moins le cacher.

Au niveau du registre, on est vraiment dans le pré-ado/ado. Les préoccupations des personnages ou le style nous parle parfois moins en tant qu’adultes. (Et ce n’est pas un point négatif, je fais partie des gens qui pensent qu’on marche un peu sur la tête en critiquant un livre jeunesse parce que… c’est un livre jeunesse.)

 

Sharon Huss Roat, Comment disparaitre, Hugo New Way

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