He who sows the wind…

La rentrée arrive à grand pas, ce qui signifie que le blog va officiellement cesser de se toucher la nouille, et quelle meilleure façon de « reprendre le rythme » (avoue, tu entends ta daronne dans ta tête) que de vous parler de ma merveilleuse lecture commune avec Chaton, partner in (fantasy) crime ? On a lu Des Sorciers et des hommes de Thomas Geha chez Critic et on a aimé d’amour et on a envie de vous le dire avec tout l’enthousiasme, le bon esprit et l’addiction aux gifs qui nous caractérisent. Qui dit rentrée dit aussi s’autolancer des fleurs, sorrynotsorry.

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Sur la Grande Île de Colme, quand on sait mettre toute morale de côté, la vie offre de nombreuses opportunités. Boire, voler, rudoyer ou tuer, tel est le quotidien de Hent Guer, un guerrier redoutable, et de Pic Caram, un Sorcier aux Rubans. Tous deux écument routes et cités, à la recherche de proies faciles.
Toutefois, leurs plans se trouvent contrariés lorsqu’un matin de gueule de bois, Hent constate, impuissant, la disparition de Pic. Sur la Grande Île de Colme comme ailleurs, les talents d’un sorcier aux rubans attirent bien des convoitises ! Pour le guerrier, pas question d’abandonner son partenaire de crime : spolier son prochain est beaucoup plus drôle avec l’aide d’un sorcier à la morale légère.
Voici donc le récit des aventures de Hent Guer et Pic Caram, et les mésaventures de ceux qui ont la malchance de croiser leur route !

(Pour une fois qu’une quatrième de couv’ est plutôt bien foutue et ne spoile pas l’intrigue, j’aime autant la restituer ici en guise de résumé, d’autant plus qu’il s’agit d’un roman à épisodes dont il ne faudrait pas révéler tous les secrets.)

Imaginez un jeu vidéo particulièrement bien écrit, avec un petit scénar de batard, qui vous forcerait d’abord à laisser l’histoire de côté et à vous taper toutes les quêtes secondaires fun en premier. Au début, vous n’y pânez pas forcément grand chose mais ce qui est sûr, c’est que vous vous amusez comme un p’tit fou. Et puis, rapidement, vous commencez à voir la connexion entre tous ces petits épisodes qui sont des univers à eux tous seuls et la grande intrigue qui se cachait comme une petite fouine jusque là apparaît doucement mais surement.

D’un côté, vous avez Hent Guer, un colosse bien baraque. Le barbare vient de Scalèpe, une contrée qui nourrit autant les fantasmes que le mépris, et parmi ses hobbies au nombre de trois, on compte notamment les femmes, la baston et la picole. Ah bah… ça fait trois, ça y est. C’est bien pour atteindre ces nobles objectifs que le mercenaire s’est allié à un puissant sorcier aux rubans, Pic Caram. Il ne faut pas se fier à son allure de « petit gros », l’homme est redoutable et s’il a bien souvent besoin de la protection de son délicat compagnon, tous deux n’iraient pas bien loin sans sa magie, une denrée rare sur l’île de Colme. Jamais l’auteur ne tentera de lisser nos deux amis, pour notre plus grand plaisir. Pic et Hent vont à l’essentiel, remplir des missions pour à peu près n’importe qui, pourvu qu’il ou elle ait de quoi payer. A quoi bon s’embarrasser de truc inutiles tels que l’honneur ou la morale, quand on peut plutôt aller s’entasser dans une taverne bien crade et prendre du bon temps jusqu’au matin ? (On n’est pas loin de penser pareil hein.)

Sauf qu’à force de tuer, piller, tromper, blesser grièvement et autre joyeusetés, forcément, nos deux « héros » ne se font pas que des copains… Qui sème le vent récolte la tempête comme dit l’un. Et qui fait le malin tombe dans le ravin comme dit l’autre. Faire une « mauvaise plaisanterie » à une ancienne amante, se frotter à un arbre très particulier et offenser toutes les lois qui régissent les sociétés capricieuses de l’île de Colme… tout cela pourrait ne pas avoir de conséquence. Mais au fil des pages, l’atmosphère s’alourdit et nous souffle le contraire.

Tantôt traqueurs, tantôt traqués, Hent et Pic nous apparaissent sous des jours bien différents selon les points des vue des nombreux personnages qui croiseront leur chemin, parfois dans l’ombre. Et il y a un je-ne-sais-quoi d’inquiétant dans ce passage du rire à l’insaisissable qui a beaucoup plu à bibi. Thomas Geha semble avoir accordé un soin particulier à chacun de ses persos secondaires. On pense par exemple au touchant Drao Druber, caution émérite de la droiture dans ce roman. J’ai aussi et surtout particulièrement aimé la façon dont les femmes sont mises en avant, le statut qui leur est souvent naturellement accordé dans les différents coins de Colme. Yasi la mercenaire déchue, Joanni la guerrière prodige de Scalèpe… Plus badass tu meurs.

Et bien sûr, un bon roman de fantasy, ici de sword&sorcery (prononcer sôôô ènde sauce-au-riz pour briller en société) n’est rien sans un univers béton. (Pas trop d’inquiétude à avoir quand on voit la qualité de la construction du récit.) La map m’a bien été utile pour me repérer au fil du road-trip de Pic et Hent. Chaque nouvelle quête, chaque nouvelle rencontre est propice à un nouveau petit coup de projecteur sur les lois complexes et tordues qui régissent les différentes cités de l’île. L’équilibre entre didactisme et « mec, fais un effort, tu sauras bien trouver par toi-même ce qu’est un qerin, et puis si t’es neuneu, tu jettes un coup d’oeil à la couv’ magnifaïke de Xavier Colette » est savamment dosé, résultat, on entre dedans hyper naturellement et comme souvent, on en voudrait plusseplusseplusse. Je vous laisserai découvrir vous-même la beauté de la magie aux rubans, encore une super idée. (Ce livre en est truffé, de bonnes idées.)

Merveilleusement construit, ce roman allie la jubilation des petits contes et le souffle épique de la grande histoire qui ne manque pas de nous rattraper, nous lecteur, en même temps qu’elle guette nos deux compères. C’est drôle, sombre, épique, porté par une plume pleine de gouaille… De la bonne petite fantasy des familles qui ne se prend pas au sérieux (la seule qui vaille le coup selon mon humble avis de néophyte). Ici on a adoré et on en relirait bien encore mille pages quoi. Ceci est effectivement un appel du pied.

 

Thomas Geha, Des Sorciers et des hommes, Critic

6 réflexions sur “He who sows the wind…

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