“I wish I was a woman of about thirty-six dressed in black satin with a string of pearls.”

Rosy aura pris son temps mais Rosy avait teeeeeellement de choses à dire sur la petite pépite qui sommeillait tranquillement dans la bibliothèque, fallait rassembler ses esprits et ses émotions vous voyez… J’ai ENFIN lu le fameux Rebecca de la non moins fameuse Daphné du Maurier dans sa nouvelle traduction au Livre de poche et… et je sens que je suis déjà bien fangirl-spotted alors autant développer tout de suite.

Notre narratrice est une jeune femme réservée, en plein apprentissage du rôle ingrat de dame de compagnie de l’outrageuse et ô combien exigeante Mme Van Hopper. Dans le grand hôtel de Monte-Carlo où elles séjournent, elle doit se plier au moindre de ses caprices et endurer la honte que lui inspire la plupart des interactions de sa patronne avec ses semblables mondains. (Niveau de dépression : Rose Dawson au début de Titanic.) Et puis elles tombent par hasard sur un certain Maxim de Winter, veuf depuis peu et propriétaire d’une immense bâtisse en Angleterre selon les dires de la commère. Tout de suite, il n’a d’yeux que pour la discrétion et la douceur de celle qu’il demandera en mariage à la surprise de tous. Et c’est un tout autre horizon qui s’ouvre pour la nouvelle Mme de Winter, celui de maitresse de maison à Manderley. Mais la timidité et la jeunesse de la nouvelle épouse font bien pâle figure face au souvenir de Rebecca, la femme qui l’a précédée. Elle est partout, dans le jardin, les meubles, les paroles et les coeurs… Comment rivaliser avec un fantôme de perfection ?

Rebecca. Tout, absolument tout, tient dans le titre. Daphné du Maurier a tenu le pari impossible de faire d’un personnage mort le personnage principal de son roman. Une telle présence qu’elle s’affranchirait presque des pages pour contaminer le lecteur. Et pourtant c’est écrit à la première personne. Et ce n’est certainement pas Rebecca qui raconte.

VOUS LA SENTEZ VENIR LA DINGUERIE OU BIEN ?

*capslockoff*

Notre narratrice est ce fameux « Je » mais on ne connaitra jamais son nom. C’est comme si elle prenait vie en adoptant le nom de « Mme de Winter ». Ca, c’est le premier tour de Daphné du Maurier. Maxim de Winter, autrement plus âgé et déjà veuf, l’arrache à un avenir peu reluisant lorsque, contre toute attente, après des semaines de petits rendez-vous innocents, il la demande en mariage, faisant d’elle la toute nouvelle co-propriétaire d’une belle baraque sur la côte.

(Photo non contractuelle, mais c’est CARREMENT l’idée hein)

La lune de miel en Italie est délicieuse, Mme de Winter est totalement in love et Maxim ne rêve que d’une chose, c’est lui montrer Manderley, sa maison et sa fierté. Mais, une fois sur place, la jeune femme déchante rapidement. Ce n’est pas que Manderley est dépourvue de charme, mais tout à coup, le nouveau rôle qu’on lui a assigné lui semble bien ambitieux. Avec Manderley, elle découvre aussi Rebecca, qu’elle n’avait qu’entrevue dans les tristes silences de Max. Dans les lieux décorés à la perfection, dans l’hostilité à peine voilée de Mme Danvers, l’inquiétante gouvernante, dans la beauté vénéneuse du jardin, elle ne voit que Rebecca et la femme parfaite, charismatique, majestueuse qu’elle a dû être avant l’accident tragique qui lui a coûté la vie. The Woman.

Tout ce qu’elle n’est pas. Timide, empotée, mal à l’aise en société… Les invités de marque qui ne manquent pas de se presser pour saluer la nouvelle Mme de Winter ont l’air de se demander ce qu’elle fait là. La promesse d’un bonheur inespéré s’effrite douloureusement à mesure de la prise de conscience de la jeune femme quant à l’inéquité de cette compétition dans l’estime des autres… et plus douloureux encore, dans le coeur de Maxim. Comment rivaliser avec la mémoire d’une morte ? Comment sortir de son ombre ? C’est tout l’objet de ce roman, en même temps que les sombres secrets de Manderley se révèlent peu à peu.

Et je vous parlais du « fantôme », de la présence de Rebecca qui ne se limite pas au texte, et c’est probablement le grand et vrai tour de force de Daphné du Maurier… C’est que cette empathie, pour cette fille si simple, si jeune, qu’on avait au début… Et bien, sans qu’on y prenne garde, on l’abandonne petit à petit. Peut-être parce que le charme de Rebecca agit aussi un peu sur nous… (Je vous avais dit que c’était foufou hein.)

Noir et mystérieux à souhait, cette histoire allie les longues descriptions hypnotiques aux scènes saisissantes et brutales. Le premier tiers est un peu lent, certes, mais c’est tellement bien écrit et on a, dès le tout début, le sentiment délicieux que l’autrice a laissé tomber un petit fil qu’elle se plait à tirer doucement devant nous pour nous faire avancer.

Coup de coeur monumental plein et entier, retour du #claquedanslagueule, bref, lisez Rebecca.

 

Pumpkin Autumn Challenge : 5/12

 

Daphné du Maurier, Rebecca, Livre de Poche

22 réflexions sur ““I wish I was a woman of about thirty-six dressed in black satin with a string of pearls.”

  1. C’est pour ça que je suis très fière d’avoir un prénom comme Rebecca. Ce personnage regroupe la dualité de la féminité, à la fois effrayante et à la fois sensible. C’est le personnage féminin de la littérature qui est très très complexe, le plus complexe que j’ai rencontré dans mes nombreuses lectures.

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  2. Pingback: C’est le premier je balance tout #22

  3. Ma première tourné chez le bouquiniste va se transformer en une quête héroïque grâce à toi. Trouver Rebecca pour trois fois rien, mon nouvel objectif dans la vie.

    Je viendrai ensuite le lever au-dessus de ma tête avec une auréole descendent du ciel. Comme dans le Roi Lion quand Simba devient le roi, tu vois ?

    Bref, merci de m’avoir donné envie de passer à l’action achat après la période wish-listé au milieu de 342 autres bouquins avec Rebecca ! 🙂

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  4. Pingback: C’est le premier, je balance tout #22 – Alberte Bly

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