Family portrait

J’ai découvert Agnès Naudin, capitaine de police dans une brigade territoriale de protection de la famille à Quotidien et j’avais vraiment aimé la façon dont elle parlait de son métier, aussi ai-je été ravie de pouvoir découvrir son témoignage grâce aux éditions du Cherche Midi et en particulier à Benoit, notre cher calife de la Team Thrillers (un grand merci !).

Immersion au sein de la brigade de protection de la famille.
Quand les gens me demandent quelle est ma profession, je leur réponds que je suis capitaine de police à la brigade territoriale de la protection de la famille. Leur réaction est souvent la même :  » Ce doit être dur comme métier, non ?  » Si je leur réponds non, je passe pour insensible. Si je leur réponds oui, je leur mens.

Retour sur trois affaires : un bébé secoué, un viol sur mineure et un viol conjugal. Derrière elles, ce sont avant tout des personnes, des situations familiales complexes, souvent de la maltraitance ou de la violence. Mais comment en parler en gardant une juste distance ?
L’auteur passe tout en revue, sans aucun tabou : les autopsies, les interrogatoires, mais aussi ses réactions de jeune flic. À travers ces histoires, Agnès Naudin dévoile ses propres morceaux de vie – deux réalités, professionnelle et privée, se confrontent et s’entrechoquent. (résumé éditeur)

« Bon. Je suis désolée pour vous mais j’ai une affaire de bébé secoué… »

Le ton est posé dès le début : le fait qu’Agnès Naudin explique d’emblée qu’il s’agit probablement de la plus grande crainte liée à son métier nous prend aussitôt aux tripes. Mais il faut y aller et c’est ce cas douloureux qui ouvre un témoignage qu’on lit comme un journal intime.

Jour après jour, elle nous livre les détails d’affaires ultra sensibles parce que directement liées au cercle familial et donc à ce qu’il y a de plus intime. Comment intervenir dans un contexte pareil ? Comment gérer l’affect, comment être stratégique dans les interrogatoires et rester calme face à des situations aberrantes qui sont bien souvent le fruit de réalités sociales difficiles (le mot est faible) ? Vous avez peut-être vu le film Polisse… Le service dont parle Maïwenn n’est pas tout à fait le même mais ce sont sensiblement les mêmes affaires qui sont traitées par la brigade d’Agnès Naudin.

C’est une parole précieuse parce qu’elle fait la lumière sur un milieu extrêmement fermé et des histoires taboues, tout en conservant une dimension très personnelle. En dehors de son travail, Agnès Naudin évoque aussi sa vie de maman célibataire et une vie spirituelle très riche. On pourra peut-être se dire que le coeur du récit n’est pas là, tout ne m’a pas touchée bien sûr, en revanche, ces éléments se révèlent vite indispensables pour comprendre vraiment ce qu’est le quotidien de cette femme flic et la façon dont elle a trouvé son équilibre. Je pense que l’autrice a voulu partager la réalité sans fard de son métier sans prétendre porter la parole de toute une profession non plus et le medium journal est un choix parfait en ce sens.

Ce n’est pas une lecture facile, ce sont des histoires qui m’ont mises en colère ou qui m’ont, le plus souvent, juste laissée muette… Mais ce sont aussi des histoires essentielles qui posent un tas de questions, notamment sur l’état déplorable de l’éducation sexuelle dans certains milieux moins favorisés, sur l’accompagnement des victimes et les profils multiples des personnes condamnées dans ce genre d’affaires.

Agnès Naudin, Affaires de famille, Le Cherche Midi 

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