Ours

OYEZ, OYEZ ! Si vous aimez les personnages aux mille vies, les romans qui vous font voyager aux quatre coins du monde, l’aventure, BREF, si l’ennui, c’est pas franchement votre tasse de thé, vous pourriez avoir envie de jeter un oeil (voire deux) au roman de Philippe Morvan, Ours, que votre reine des licornes a récemment dévoré. Merci encore aux éditions Calmann-Lévy pour cette très belle découverte !

Nous sommes au coeur du XIXe siècle, en Auvergne. L’horizon du jeune Gabriel Morange s’arrête aux limites de son village mais il rêve d’ailleurs et de vengeance surtout, depuis que son père et son frère ont péri dans les guerres coloniales. Lorsqu’il s’engage à son tour, son idéal d’héroïsme va se heurter à la violence et à la barbarie crasses de ce qu’il estimait être le camp du bien… son propre camp. Toutes ces atrocités en Algérie puis au Vietnam vont le changer à tout jamais et c’est en homme d’église, décidé à ne plus porter les armes, qu’il part pour les Etats-Unis d’Amérique. Mais l’autre guerre qui se joue là contre les Indiens Navajos et la sensation d’avoir enfin trouvé sa place au sein de ce peuple pourraient bien bouleverser à nouveau toutes ses certitudes…

Vous me connaissez, je suis pénible, je râle souvent après la littérature française (du moins les livres dont on parle beaucoup) et le manque de fiction et de vraies belles histoires. Bon, et bien Philippe Morvan nous prouve qu’on sait aussi bien faire que les américains quand on veut ! Du moins lui, il sait faire, croyez-moi.

A la lecture du résumé, je suis sûre que vous entrapercevez déjà le potentiel romanesque de cette histoire et la multitude des genres auquel elle emprunte. De l’authentique roman de terroir avec l’enfance auvergnate de Gabriel et ses premiers émois, au roman de guerre bien costaud, en passant par le voyage initiatique et le roman noir… Philippe Morvan s’essaye à tout et tout est maitrisé. Du coup, à l’image de ce personnage qui va vivre plusieurs vies (séminariste-soldat-fumeur d’opium-curé-père et ours), la lectrice que je suis a presque eu l’impression d’avoir lu plusieurs livres en un. Et j’adore cette sensation, quand on s’attache à ce point au parcours d’un héros et qu’on a l’impression d’avoir faire ce très, très long voyage avec lui.

Au coeur des rizières, comme dans le désert ou au beau milieu d’une stupide bagarre en Auvergne, l’idée de ce roman est extrêmement simple mais elle m’a aussi particulièrement touchée. C’est qu’il est difficile, voire impossible de trouver de justes causes dans les guerres que les hommes se font. La plume dépouillée et cash de Philippe Morvan sert parfaitement cette merveilleuse histoire d’incarnation et de réincarnation qui décortique les mécanismes pervers des colonisations militaire, politique et religieuse.

Vous l’aurez compris, ce sont quelques 400 pages de fiction comme on en voudrait à tous les repas.

 

Philippe Morvan, Ours, Calmann-Lévy

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