« Je ne suis pas une muse. Je suis quelqu’un. Point. »

Bon est-ce qu’on en parle de ce livre qui m’a fait googlisé deux cent fois « Daisy Jones & The Six » histoire d’être BIEN BIEN sûre que ce groupe n’avait jamais existé dans la vraie vie ? Ouais, on en parle. Et on remercie les éditions Charleston pour ce qui pourrait être l’une des plus belles découvertes jamais faites chez elles !

De la fin des années 60 au milieu des années 70, alors que le Dieu « Rock’n’roll » enflamme la planète toute entière, les Six entament une ascension fulgurante, portés par leur charismatique leader Billy Dunne. Pourtant ils ne connaitront la consécration que lorsque Daisy Jones, l’enfant terrible et sublime du Sunset Strip à la voix brisée, l’icône par excellence, les rejoindra enfin. Aux heures passées dans les studios à parfaire l’album mythique se superposent les rails de coke, les amphets, l’alcool, la rage et l’autodestruction, comme si Daisy et la bande s’évertuaient à flirter avec les limites que Janis Joplin ou Jim Morrison ont déjà malheureusement dépassées. Et puis, en 1979, juste après le concert de leur vie, le groupe éclate. Et tout est fini, sans qu’on sache pourquoi… jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à leurs confessions à toutes et tous, quarante ans plus tard.

Ce n’est donc pas un spoil de vous révéler que le groupe Daisy Jones & The Six n’a jamais existé, mais si vous ne lisez pas la quatrième de couv’, rien ne vous dira le contraire tant ce roman qui se présente sous la forme d’un recueil de témoignages est ultra réaliste. Le livre commence d’ailleurs avec une note de l’autrice détaillant son travail de longues années d’interviews pour reconstituer l’ascension et la séparation brutale du groupe, et déjà, tout te prépare à passer des heures en mode docu Arte avec images d’archives entrecoupées de plans de rock stars à la retraite nonchalamment installées dans des fauteuils en cuir, se remémorant leur jeunesse de fifrelins inconscients.

La vérité réside quelque part entre les souvenirs croisés des protagonistes, formant un récit chronologique de l’histoire de ce groupe mythique. D’un côté, il y a les Six, ce groupe formé dans le garage des frères Dunne qui s’est fait une petite réputation dans des bars miteux avant de rejoindre L.A, là où tout fait et se défait. Los Angeles où vit  Daisy, qui a quatorze ans, écume déjà Sunset Street, a ses entrées dans toutes les boites et attire des types bien plus vieux qu’elle. Sa beauté et son magnétisme qui éclipsent toutes les autres auraient dû la couronner reine des groupies, et l’adolescente compte son lot d’histoires, mais Daisy n’a pas envie que les hommes s’approprient son image et ses idées pour en faire des chansons. Elle veut écrire et chanter les siennes.

Elle aussi se fait un nom, et c’est comme si les étoiles s’étaient alignées pour que Daisy Jones & The Six s’assemblent et deviennent enfin quelque chose de très, très grand.

Mais entre les guerres d’égo, la drogue qui prend de plus en plus de place, les drames personnels et surtout cette rivalité entre Daisy et Billy, à la fois les deux plus gros moteurs et sapeurs du groupe, la musique nait du chaos.

C’est étrange, mais ce que j’ai précisément adoré, c’est la banalité de cette histoire au regard du sujet traité. J’ai beau être un kid des 90′, j’ai aussi été élevée avec le rock des sixties et des seventies, et j’ai toujours été fascinée par les grands destins plus ou moins tragiques de ces icônes. Taylor J. Reid aurait pu écrire sur les Stones, sur les Doors en tapant tout aussi juste. Et c’est ça qui est génial, ce niveau d’authenticité pour un groupe totalement fictif, et aussi totalement représentatif d’une époque et d’une atmosphère. Les paillettes, le sexy et le glam d’un côté, le revers de la médaille de l’autre : j’ai particulièrement aimé, à travers les personnages de Daisy et Karen, (au clavier des Six), le choix de montrer le sort qui était bien souvent réservé aux femmes dans l’industrie ultra sexiste de la musique.

Tous les personnages sont hyper soignés, (d’autant que ce qu’on sait d’eux ne provient que des souvenirs et des témoignages), les écorchés vifs Billy et Daisy en tête, bien sûr. Aussi têtus l’un que l’autre, aussi addicts, à leur façon, et en proie à des sentiments d’une complexité à faire exploser le cerveau de tout individu normalement constitué, l’alchimie entre Billy et Daisy transperce presque les pages et pourtant c’est une toute autre histoire autrement plus singulière que l’autrice choisit de nous raconter…

« Billy : Quand on était petits, Graham et moi, notre mère nous emmenait souvent à la piscine municipale pendant l’été. Un jour, Graham était assis sur le bord, du côté le plus profond du bassin. Il ne savait pas encore nager. J’étais là, à côté de lui, et je me rappelle avoir pensé : « Je pourrais le pousser dans l’eau. » Ça m’a foutu une trouille terrible. Jamais je ne l’aurais poussé mais… ça m’a fait peur de comprendre que la seule chose entre ce moment de tranquillité et la plus grande tragédie de ma vie, c’était moi. Ma décision de ne pas le faire. Ça m’a complètement perturbé de réaliser ça. La vie était précaire. Il n’y avait pas de mécanisme en place pour empêcher les choses qui ne devaient pas arriver d’arriver quand même. C’est un truc qui m’a toujours terrifié. Et c’était ce que je ressentais quand j’étais en présence de Daisy Jones. »

EN GROS VOILA. A VOS LIBRAIRIES.

Enorme coup de coeur pour Rosy qui vous conseille de vous envoyer la playlist spotify « Daisy Jones & The Six » dès maintenant pour vous mettre dans l’ambiance. Ça se dévore et ça vous laisse tout plein d’une nostalgie toute étrange (c’est un délire que je ne m’explique pas, je suis toujours triste en apprenant la mort de Jim Morrison) et surtout merveilleusement fabriquée par la magicienne Taylor Jenkins Reid.

 

Taylor Jenkins Reid, Daisy Jones & The Six, Charleston

8 réflexions sur “« Je ne suis pas une muse. Je suis quelqu’un. Point. »

  1. MON DIEU. Je veux ce livre, tout de suite ! Je sors tout juste du dernier Tarantino alors en plus laisse moi te dire que je baigne encore dans l’ambiance fin sixties depuis hier soir !!! Ta chronique tombe à pique en sommes pour me faire craquer mon slip (ça y est, v’là que je me mets à parler en rime d’enthousiasme !)
    Je comprends cette nostalgie d’une période que l’on a pas vécue, en tant qu’enfant des 90’s j’ai toujours été fascinée par cette période, ses musiques, ses mouvements culturelles, ses grands noms : Hendrix, Joplin, Dylan, Patti Smith, Morrison, etc.
    Aloooooors laisse moi te dire ma petite Pretty Rosemary que ta chronique là me titille violemment mon porte-monnaie déjà vidé de tout denier! A que cela ne tienne, je vais économiser et ça sera un cadeau de moi à moi en septembre :3

    Le format témoignage semble particulièrement se prêter à ce genre de récit en prime donc je me dis, go go go !

    Wishlist : 294 – Alberte : 0
    Victoire par K.O de la Wishlist gargantuesque.

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  2. Si Billy et Daisy n’existent pas, Stevie Nicks et Lindsey Buckingham, eux, oui ! et Taylor Jenkins Reid s’est largement inspirée de leur histoire tumultueuse (qui est devenue une franche haine, d’ailleurs – ça continue) pour « Daisy Jones & The Six « . Ah, les folles années 70, et la musique de cette époque, ça va en inspirer plus d’un.e pendant longtemps et tant mieux ! Le rock entre les 60’s et les 80’s (jusqu’au début des 90’s), c’était vraiment qque chose.

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  3. Pingback: C’est le premier, je balance tout #11 (sep.19) – Alberte Bly

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