God save the Queen

Pour ce mois de septembre du Hold my SFFF Challenge dédié à la littérature jeunesse, j’avais tout prévu (relecture de la saga de Philip Pullman, rererererere – re – lecture de la Passe-Miroir…) et au final NIET WALOU, c’est un petit OVNI jeunesse tout juste sorti chez Gallimard qui a atterri entre mes mains, La Reine sous la neige de François Place.

Déjà, vous me connaissez depuis le temps, je résiste assez mal à une figurine en plastoc d’Elisabeth II qui fait coucou.

Samantha était supposée faire le voyage Johannesburg-Amsterdam pour l’anniversaire de son petit-frère mais son avion est dérouté au dernier moment à cause d’une météo particulièrement capricieuse pour un mois d’avril. Contrainte d’atterrir à Londres dans l’attente d’un prochain vol, la jeune fille se dit qu’elle en profiterait bien pour rendre visite à cette vieille dame londonienne avec qui elle correspond depuis si longtemps. Une fois arrivée dans le quartier de Whitechapel où elle réside, elle se fait malheureusement agresser et voler son portable… Le début d’une étrange chaine d’événements aussi imprévisibles que l’escapade d’un tigre hors du zoo, la rencontre du garçon qui ne va plus quitter ses pensées ou bien encore… la mort de la reine.

A la base, ce n’est pas un roman avec lequel je pensais valider mon #HMSFFF puisqu’il se présente avant tout comme un contemporain ado, mais au fil des pages, l’auteur commence à flirter doucement avec l’étrange, le fantastique et même l’enquête policière et je me suis dit… eh mais, ça va être bien plus zazou que je l’imaginais !

A travers la petite escale forcée de son héroïne, François Place nous entraine dans une étrange balade, à la fois rapide comme l’éclair (toute l’intrigue se déroule sur trois jours) et qui semble s’étirer à l’infini alors que les obsèques de la Reine Elisabeth figent tout Londres. Il y a ceux qui sont accablés par le chagrin, ceux qui ont toujours rejeté le faste de la couronne, ceux qui en profiteraient bien pour se faire un peu d’argent… en tous cas personne n’échappe au deuil national et à cette nouvelle absence qui semble presque inconcevable. Tellement inconcevable qu’il se met à neiger en avril.

Sam ne trouvera jamais la vieille dame mais elle fera bien d’autres rencontres dans la grande ville mise sur pause.

J’ai vraiment beaucoup aimé l’atmosphère que François Place instaure dans son roman, restituant tellement l’esprit britannique et cette Londres cosmopolite, pleine de traditions et de contradictions aussi. J’aurais pu passer des heures auprès de Sam à déambuler dans Camden, où les rencontres sont infiniment plus précieuses que les souvenirs qu’on dégote dans les boutiques cheap. On oscille toujours entre réalisme et surréalisme, et on se perd dans la ville tentaculaire sans se lasser…

Et c’est peut-être pour ça que j’ai été un brin déçue par le tournant que prend assez rapidement le roman. Les personnages se multiplient et j’avoue que j’aurais préféré qu’ils gravitent autour de Sam. Au lieu de ça, les points de vue s’additionnent, les intrigues se superposent et l’auteur a fini par me perdre après cette petite errance si séduisante… Dommage parce qu’individuellement, tous les personnages et les éléments de l’intrigue sont hyper intéressants, mais la multiplicité des points de vue a un peu cassé la connexion qui s’était faite entre Sam et moi.

Ceci dit, j’applaudis l’originalité de l’histoire et les choix de l’auteur en termes de représentation puisqu’il y a encore trop peu de romans jeunesse avec des héroïnes noires ou évoquant des parcours d’immigration difficile comme celui de Nour et de son fils Khan.

Voilà, voilà, un bilan en demi-teinte pour un roman avec une foultitude de bonnes idées et surtout une atmosphère géniale mais qui s’éparpille un peu trop à mon goût…

 

François Place, La Reine sous la neige, Gallimard Jeunesse

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