QI – Christina Dalcher

On est de retour pour vous jouer un mauvais tour ! (Bonsoir, pardon, blame it on Pokémon diamant) Non, trêve de galéjade, je retrouve enfin le temps et surtout la volonté de lire et vous même vous savez ô combien ces choses sont fluctuantes et incertaines… Mais bonne nouvelle, je reviens avec de la petite dystopie des familles avec QI de Christina Dalcher ! Et je remercie mille fois les éditions Nil et Babelio pour cette découverte !

Elena Fairchild se souvient avec nostalgie de l’époque où l’on n’exigeait pas des enfants qu’ils soient autre chose que des enfants. Mais ce passé est bel et bien révolu depuis la mise en place du score Q, un système d’évaluation régulier des performances intellectuelles des élèves dès le plus jeune âge leur permettant d’accéder aux écoles d’élite ou… d’atterrir dans des pensionnats d’état, les « écoles jaunes », dont Elena ne sait pas grand chose. Enseignante au score Q particulièrement élevée, épouse d’un haut gradé du système en place et mère de deux jeunes filles sous constante pression du chiffre, elle tente de balayer toutes les pensées qui lui vaudraient d’être mise à l’écart de cette société de la Famille idéale. Mais cet équilibre tordu vacille lorsque sa petite dernière, Freddie, échoue à un test, la condamnant à monter à bord d’un de ces fameux bus jaunes qu’on ne voit jamais revenir. Pour la toute première fois, le piège de ce nouvel ordre qui l’avait toujours favorisée se retourne contre elle…

Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas plongée dans une dystopie, après des années à avoir écumé les séries pour ados, j’ai un peu la sensation d’avoir fait le tour de la question, je l’avoue, mais difficile de résister à ce pitch plus adulte, par l’autrice d’un certain Vox qui a fait beaucoup de bruit à sa sortie… 

Christina Dalcher imagine une Amérique qui assume de plus en plus sa volonté d’ostraciser les plus faibles avec la mise en place d’un système généralisé d’évaluation de la population où seule la performance et les résultats comptent, dans une uniformisation toujours plus poussée des identités et des comportements. Vivre dans la peur constante d’un test à venir, dans le rejet de celui qui est à la traine… ohlàlà, on se demande où elle est allée chercher tout ça vraiment ?!

Cette idée de pression, d’angoisse de sortir du rang est très prégnante dans tout le roman et c’est l’un des aspects que j’ai préférés. L’autrice évoque les dérives de l’éducation utilitariste, jusqu’à l’extrême, puisque son histoire certes fictive fait référence à de tristes réalités eugénistes d’une histoire américaine et mondiale aussi récente qu’intolérable. Difficile également de ne pas y voir une critique d’un monde éducatif à bout de souffle où les écoles d’élite les plus inaccessibles se multiplient quand le système public dépérit… 

Il y a de très bonnes idées donc, dans ce roman, dommage qu’elles ne soient pas exploitées à fond à mon humble avis. Sans spoiler aucun, passé l’élément déclencheur qui va conduire notre héroïne à braver le système, le soufflé a tendance à retomber… J’aurais aimé qu’au-delà du personnage d’Elena, plus d’espace soit offert à Freddie, cette enfant qui a l’audace de sortir de la norme, mais on n’entendra malheureusement pas vraiment sa voix.

Il n’empêche que QI m’a bien tenue en haleine, sur un thème qui me touche particulièrement, celui de l’uniformisation forcée dès l’enfance, ce lieu où tous les rêves devraient être permis au-delà de Linkedin, non ?

Christina Dalcher, QI, Nil

4 réflexions sur “QI – Christina Dalcher

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  2. Une intrigue originale qui attise ma curiosité. C’est, effectivement, très intéressant de baser une dystopie sur le culte de la performance qui est de plus en plus prégnant dans toutes les sphères de la société. Ça fait également bien longtemps que je n’ai pas lu une dystopie mais je note que celle ci pourrait me plaire…

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