Plus que six points avant l’assortiment de torchons

Quand quelqu’un ne parvient pas à te conseiller correctement une BD qu’il a aimée pour cause de fous rires intempestifs de type « Il faut absolument que tu lises… Ahah… Nan, vraiment, c’est génial, surtout ce passage… Ahah », tu as deux solutions : soit tu es indisposé par ce type qui ne sait pas s’exprimer correctement et tu t’es déjà barré à « Nan, vraiment… Ahah », soit tu achètes les yeux fermés. Comme je suis une meuf sympa, j’ai opté pour la solution n°2 et je suis repartie avec Zaï Zaï Zaï Zaï, une courte BD de Fabcaro.

Tout commence avec un dessinateur de bande-dessinée qui a salement déconné : au moment de payer à la caisse, il se rend compte qu’il a oublié sa carte de fidélité. Alors que l’agent de sécurité tente de gérer la situation, notre homme panique, brandit un poireau et prend la fuite. Les médias s’emparent aussitôt de l’affaire et la traque du dangereux fugitif est allègrement commentée derrière les postes de télévision et au comptoir des PMU.

C’est bien simple, si vous aviez oublié dans quel genre de société vous vivez actuellement (d’abord, consultez un spécialiste), plongez-vous dans ces soixante-dix pages d’actualité brûlante et tout sera immédiatement plus clair.

Double peine pour notre anti-héros, qui en plus d’avoir commis un crime de premier ordre (je vous rappelle quand même qu’il a oublié sa carte de fidélité du magasin) est dessinateur de BD de son état, ce qui est clairement un facteur aggravant. Une histoire absurde, certes, mais inutile de vous faire un dessin (ils sont déjà tous dans Zaï Zaï Zaï Zaï) : tout est facilement transposable à des situations bien réelles. Il y a la cavale, mais aussi et surtout le cirque médiatique autour de l’affaire et l’ambiance nauséabonde qui n’attendait pas grand chose pour enlever ses chaussures et faire comme à la maison. Les chaines d’info qui tournent en boucle sur le vide, les pseudo-spécialistes, les artistes « engagés » et tous les bien-pensants en prennent pour leur grade.

La vraie force de cette BD, au-delà d’un dessin épuré et efficace, c’est bien la qualité de ses dialogues. J’ai passé mon temps à me marrer (on en revient au type qui… Ahah… Tu sais.) parce que la BD est truffée de répliques que tu entends dans la vraie vie avec les VRAIS mots incroyablement bien choisis. Absurde et juste donc. En plus de cela, la construction en scène unique par planche pour former la grande histoire est hyper bien menée.

Mon coup de coeur ira surement à la bouteille de 1,5 L… A moins que le présentateur télé rabroué par sa femme ne l’emporte. Je… Je… Ahah.

 

Fabcaro, Zaï Zaï Zaï Zaï, 6 pieds sous terre. 

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