« Rien n’est jamais gratuit. »

Que la littérature jeunesse s’empare de la thématique des réseaux sociaux et de leurs dérives, moi, je suis pour à quatorze-mille pourcent (c’est dire si j’suis pour). Mais avouons-le, la limite de la leçon de morale indigeste peut vite être franchie en la matière. #boring Récemment, j’ai pu découvrir Need, le dernier roman de Joelle Charbonneau (plus connue pour sa saga L’Elite), un thriller young adult palpitant et complet sur la question. Un grand merci aux éditions Milan pour cette lecture !

Un nouveau social network (so Mark Zuckerbeuuurg) spécialement réservé aux élèves du lycée de Nottawa vient d’ouvrir, NEED. Le principe est simple : indiquer ce dont on a besoin, un nouveau téléphone, un scooter ou encore une bonne note au prochain exam de science pour voir son voeu exaucé sous couvert de l’anonymat le plus total. La contrepartie est minime puisqu’il suffit d’inviter ses amis à rejoindre le réseau. Mais une fois que tous les élèves, attirés par ces gains rapides, ont rejoint NEED, c’est une nouvelle étape qui commence. En échange des cadeaux habituels, les adolescents doivent remplir des missions apparemment anodines… Anodines jusqu’à ce que Nottawa compte son premier mort.

Je vous avais dit que c’était palpitant. Et le meilleur dans tout cela, c’est que la quatrième de couv’ tient largement ses promesses. Le récit se découpe en chapitres très courts, alternant les points de vue des différents élèves du lycée même si l’on suit plus particulièrement Kaylee, une ado un peu en marge depuis que son jeune frère gravement malade est dans l’attente d’un rein. N’ayant pas hésité à insister lourdement auprès de tous ses camarades pour trouver un donneur, Kaylee, mise à l’écart, ne peut plus compter réellement que sur son meilleur ami Nate. L’ouverture du mystérieux réseau social NEED et sa pluie de cadeaux gratuits pourrait bien être sa dernière chance.

Curiosité, appât du gain, ennui, solitude ou bonnes intentions, tous ont une raison de répondre à la fameuse question de NEED : « De quoi avez-vous besoin ? » Tout le suspense réside dans le mystère qui plane autour de ce réseau social : qui est derrière tout ça ? Et surtout jusqu’où cela va t-il aller ? Puisqu’après les invitations viennent des sortes de défis que les lycéens ne comprennent pas toujours mais qu’ils acceptent en vue de la récompense : déposer un colis quelque part, récupérer un message… Rien de grave en somme. Jusqu’à ce que tout bascule.

J’ai vraiment été emportée par l’intrigue de bout en bout. Joelle Charbonneau a réussi à instiller un je-ne-sais-quoi de glaçant du début à la fin de son histoire avec cette idée d’une petite communauté sous l’emprise totale d’une entité numérique sortie de nulle part. L’issue est intéressante, et aurait même gagné à être un peu plus étoffée à mon goût pour être convaincante à 100%. Grâce au thriller efficace et musclé qu’elle a imaginé, l’auteure évoque une idée centrale, celle que rien n’est jamais gratuit sur Internet, et teste les limites des différents protagonistes. Y a t-il une différence entre envie et besoin ? Ce que j’ai également aimé, c’est qu’en dépit de la relative brièveté du roman et de sa construction hachée, Joelle Charbonneau ne nous sert pas pour autant des personnages vides ou totalement inintéressants. En quelques pages à chaque fois, on voit rapidement se dessiner des figures singulières, qui sont autant de « proies » potentielles pour NEED…

NIARK NIARK…

 

Joelle Charbonneau, NEED, Milan

7 réflexions sur “« Rien n’est jamais gratuit. »

  1. Tiens, il me tente bien ce livre, je note ! Quand tu parles de petits défis et missions, ça me rappelle un peu Nerve, je n’ai pas lu le roman mais j’avais vu l’adaptation et j’avais bien aimé !

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