« I’m gonna live till I die. »

Est-ce que ce serait pas juste la période idéale pour aller faire un petit tour dans le New-York des années 40 sous la neige avec du Sinatra dans les oreilles ? (Petite pensée pour celleux qui visualisent déjà un merveilleux téléfilm de Noël alors qu’on va parler de Mafioso, le dernier Ray Celestin paru récemment chez Le cherche Midi (encore mille mercis pour ces heures de lecture et de kiff) full mafia, tueur en série et corruption #emojiange)

On quitte la canicule de Chicago pour le froid de New-York post-Seconde guerre mondiale, en 1947. Avec ses bonnes manières et son emprise totale sur la ville, Frank Costello est LE Parrain mais mafia oblige, des dissensions au sein des familles font rage. Gérant d’un des plus grands clubs de Costello, Gabriel Leveson pioche en secret dans la caisse depuis un bon moment et s’apprête à s’enfuir avec sa nièce, mais quand le boss lui colle un dernier boulot… particulier, les chances de survie déjà maigres du mafieux s’amenuisent vitesse grand v. Et c’est dans ce contexte électrique qu’un quadruple meurtre est commis à Harlem. On suspecte une sombre affaire de vaudou et le fils de Michael Talbot s’y trouve dramatiquement mêlé… Désormais à la retraite, l’ex-flic et détective demande de l’aide à son éternelle associée, Ida Davies.

Dans ce troisième opus, Ray Celestin reste fidèle à sa bonne vieille recette : de multiples investigations en parallèle et des personnages à la lisière du bien et du mal sur un rythme effréné, à l’image de la ville qui ne dort jamais. Est-ce que j’ai un peu tiqué en retrouvant le schéma du mafieux avec un pied dedans, un pied dehors, qui se retrouve piégé par une sale enquête confiée par le grand patron ? Un chouïa. Est-ce que ces six cent pages se dévorent ? Littéralement. Un petit mwé donc, largement compensé par le talent de l’auteur pour les intrigues à suspense, les anecdotes historiques passionnantes (j’ai été, une fois de plus malheureusement, affreusement attérrée par le traitement que l’armée américaine a réservé à ses combattants « suspectées d’être homosexuels » à l’issue de la guerre avec les « livrets bleus ») et les portraits de ville à couper le souffle.

Les grandes heures de la Prohibition ont forgé un nouveau monde qui semble trouver son épicentre à New-York, dépeinte ici comme un labyrinthe du vice. La mafia a la main mise sur les politiques, évidemment, mais aussi et surtout sur le monde du spectacle avec ce rappel assez fascinant : tous ceux et toutes celles qui avaient réussi à cette époque étaient lié.es d’une façon ou d’une autre à la pègre. Sinatra, le M. Warner de Warner Bros, et même notre cher Louis Armstrong, qu’on retrouve à une période charnière et difficile de sa carrière.

Le tableau de la mafia de Ray Celestin n’a jamais été aussi fascinant que dans ce troisième tome et on découvre (sans le découvrir tout à fait non plus hein) que de grands symboles américains comme Vegas ou l’industrie du cinéma ont carrément été fondés sur et grâce à des organisations criminelles et crapuleuses. L’auteur prépare d’ailleurs l’ultime chapitre de sa tétralogie à L.A dans les années 60 et je suis déjà comme une dingue à l’idée d’avoir ce futur petit bijou entre les mains !

On poursuit donc dans le big love du côté de chez Rosy, et je ne peux que vous recommander encore une fois de vous ruer sur cette saga.

 

Ray Celestin, Mafioso, Le Cherche Midi

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