« This predator I let in knows my heart »

En voilà un bouquin que j’étais ravie de l’avoir entre les mains. (Commencer sa chronique dans un français impeccable : check.) Souvenez-vous, j’avais adoré le tout premier roman de Christophe Sémont, Soleil noir, un thriller qui nous embarquait en Amérique du Sud, où les pires secrets allaient être déterrés au coeur de la forêt. Cette fois, c’est à Bangkok qu’il nous emmène dans Une Danse avec le diable pour une plongée cauchemardesque au coeur des quartiers gangrénés par la violence, la prostitution et la drogue. Un immense merci aux éditions Critic pour cette lecture !

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Afin de payer les frais d’hospitalisation de sa fille, Mai se prostitue pour le compte de Petchai Nakprasitte, un ex-boxeur raté qui mène son petit business en solo. Mais voilà, lorsque les types du puissant clan mafieux Sukapatana lui tombent dessus pour une dette contractée par son défunt père et quand les filles qu’il emploie commencent à tomber une à une comme des mouches, Petchai se dit qu’il serait plutôt opportun d’en informer les flics. Ce qu’il ignore, c’est que l’implication du lieutenant de police Prachya Srimonju et de sa troupe pas nette ne va vraiment, mais alors vraiment pas arranger les choses…

Dès la première phrase, l’auteur donne le ton. Ca va être sombre, trash, dans une Bangkok de carte postale, mais du genre que t’enverrais à Oswald Cobblepot quoi. Dans Une Danse avec le diable, la ville est cadre et personnage, et il ne nous faut pas longtemps pour nous imprégner de l’ambiance moite et sulfureuse de ses quartiers. Néons, enseignes racoleuses, danseuses et masseuses « with benefits », l’héro qui suinte des murs et les vestiges de superstition… J’ai vraiment retrouvé cette atmosphère quasi palpable qu’il y a à San Francisco dans le bouquin incroyable de Seth Morgan, Liberté sans condition. C’est ce que j’avais préféré, je crois, dans le premier roman de Christophe Sémont, l’authenticité des lieux où il nous embarque et cela même s’il nous propose une intrigue à sensation. Ici, il réitère. Du coup, j’ai keephé.

Ce sont de très courts chapitres qui nous catapultent aux côtés des différents protagonistes. Au début, difficile de s’y retrouver, d’autant qu’il faut se faire aux noms thaïlandais et chinois. (La page personnages a été ma bff sur ce coup) Et puis c’est une mécanique assez redoutable qui se met en place, et là, ce n’est plus possible de lâcher le bouquin, surtout que les événements tendent à s’accélérer dangereusement. A Bangkok, les gentils et les méchants, ça n’existe pas et tous cultivent une part d’ombre plus ou moins prononcée. Les personnages m’ont vraiment plu, en particulier Petchai, qui s’il traite plutôt bien ses filles, n’en participe pas moins au chaos ambiant, Prachya Srimonju, le flic à la ligne de conduite des plus opaques ou encore Dao Sukapatana, fascinante d’intransigeance.

Il y a un vrai côté Kill Bill aussi dans cette histoire. Torture, doigts coupés, et goût pour les belles lames… Certaines scènes sont franchement trash et en même temps empreintes d’un esthétisme particulier. Je pense aussi à la très sexy Alisa Keerati, que je n’ai pas pu m’empêcher de voir comme ça :

Pour moi, Une Danse avec le diable est un mélange parfait de réalisme cru et d’imaginaire, à l’image de la ville complexe qui est le théâtre de l’intrigue. Deux cent vingt-deux pages totalement addictives.

 

Christophe Sémont, Une Danse avec le diable, Critic.

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